Méthanisation

Mardi 17 mai à 18h30, réunion publique à la salle des fêtes de Flines pour présenter le projet d’installation d’une unité de méthanisation sur le territoire de Marchiennes, en limite de celui de Flines par 7 exploitants agricoles dont 5 flinois.

Avant de rentrer un peu plus dans les détails techniques et d’examiner les différentes questions soulevées par les participants, notons que la salle des fêtes étaient pleine, plusieurs centaines de personnes s’étant mobilisées ce qui prouve le vif intérêt de la population.

La réunion était organisée de manière très professionnelle : présentation du projet par les porteurs, puis séance de questions/réponses dirigée par un animateur amenant le micro baladeur aux personnes ayant demandé à intervenir. Il savait aussi le reprendre quand les propos étaient trop longs ou hors sujet. Par exemple, une intervenante ayant sans doute laissé son gilet jaune au vestiaire en raison de la chaleur, s’empara du micro pour crier sa colère contre la mairesse, le préfet, le procureur, le député, le président…. et fut prestement privée de micro ce qui empêcha le public de connaitre la liste exacte de ses ennemis… mais personne ne réclama qu’on lui restitue l’ustensile.

Une autre, faussement drapée dans une posture écologiste, accusa les porteurs de projets d’être des « pseudo écolo » Classique démonstration de travestissement de la réalité pour fantasmer ses problèmes personnels sous couvert de la fastidieuse lecture d’un argumentaire pseudo-construit sans lien réel avec l’ordre du jour.

Le projet : créer une unité pour transformer environ 35 000 tonnes par an de déchets végétaux ou alimentaires en biogaz (méthane). Le gaz étant ensuite épuré, odorisé (comme le gaz de ville pour détecter les fuites éventuelles à l’odorat) puis injecté dans une canalisation d’Engie qui rachètera la totalité de la production pendant 15 ans.

Les objectifs sont d’alimenter en gaz combustible 1000 foyers chaque année, en évitant la production de 4850 t d’équivalent CO2.

Comme indiqué ci-dessus, cinq exploitants agricoles flinois, un lallinois et un douaisien cultivant des terres à Flines s’associeraient à la société Theys, collecteur de déchets. Ce dernier alimenterait, à concurrence de 25% du tonnage, le méthaniseur avec des invendus alimentaires de la distribution (débarrassés de leurs barquettes et films d’emballage) et des déchets d’usines agroalimentaires.

Quel est l’intérêt d’un tel projet ?

 Les porteurs rappelèrent en liminaire que c’est la Parc Naturel Scarpe Escaut qui leur avait soufflé l’idée en 2018. Sachant la vocation de promotion et défense des espaces naturels et de la biodiversité du Parc, la validation écologique d’un méthaniseur parait assurée.

Les exploitants expliquèrent qu’ils épandent déjà leurs fumiers, lisiers et autres déchets sur leurs terres pour les amender selon un plan d’épandage officiellement autorisé par les autorités. Ils amélioreront la valeur agronomique de ces apports en extrayant le méthane (par le biais du travail de bactéries anaérobies), ce qui rendra les résidus obtenus (le digestat) plus facilement assimilables par les plantes. En parallèle, le gaz capté étant vendu à Gaz de France, une petite rentabilité économique assurerait un revenu de complément aux exploitations.

Hormis la participation de la société Theys qui valorisera des déchets alimentaires au lieu de les déposer en décharge, il n’y a pas grand-chose de nouveau dans les tonnages de matières agricoles manipulés et épandus, tout au plus un nouveau processus de traitement, plus vertueux, économique et citoyen.

Plus vertueux : les déchets agricoles fermentent traditionnellement à l’air libre puis sont décomposés par les micro-organismes dans le sol. Le procédé est émetteur de CO2 (gaz carbonique) qui contribue à l’effet de serre ; ce processus est lent et génère parfois des odeurs lors des épandages. La méthanisation est contrôlée en continu, produit du gaz combustible et un résidu inodore au meilleur pouvoir fertilisant que les matières brutes initiales. Le méthane capté ayant un effet de serre 23 fois plus important que le CO2, l’intérêt de ne pas le laisser s’échapper à l’atmosphère est évident.

Plus économique : le biogaz est valorisé auprès de Gaz de France qui le distribuera à ses abonnés. Le digestat  épandu permet un moindre recours aux engrais de synthèse dont les traces se retrouvent parfois dans les nappes phréatiques et qui sont produits dans les usines chimiques à partir de gaz naturel importé. Rentrées d’argent supplémentaires et réduction des dépenses d’engrais aident à rentabiliser l’investissement.

Plus citoyen : le conflit ukrainien a soudain montré l’intérêt de moins dépendre du gaz importé de Russie, que ce soit pour se chauffer ou produire des engrais.

La réunion a été assez passionnée mais, à part les quelques habituels olibrius hors sujets déjà évoqués, les mots «  nouveau scandale du sang contaminé » ou « Tchernobyl » qui avaient fusé lors de la réunion publique de présentation de la station d’épuration des eaux usées, route de Lallaing, il y a quelques années, n’ont pas été prononcés. Pour mémoire, le « nouveau scandale du sang contaminé et de Tchernobyl réunis » a été mis en service dans l’indifférence générale il y a déjà quelques mois ! 

Les principales craintes exprimées par la population.

-          Augmentation du trafic routier.

Les agriculteurs déposent déjà leurs déchets agricoles en tracteur sur la commune. Pas de nouveau trafic. L’entreprise Theys amènera sa part avec 5 camions par jours qui ne traverseront pas le centre de Flines mais viendront par Marchiennes ou Lallaing

-          Augmentation de la taille de l’unité et du tonnage traité, notamment de la part des déchets agroalimentaires amenés par Theys.

Le méthaniseur est  une installation classée pour la production de l’environnement (ICPE) rubrique 2781-1. « Méthanisation de matière végétale brute, effluents d'élevage, matières stercoraires, lactosérum et déchets végétaux d'industries agroalimentaires. La quantité de matières traitées étant supérieure ou égale à 30 t/j et inférieure à 100 t/j : régime de l’enregistrement. »

La part de Theys ne pourra pas dépasser 49% du tonnage traité sous peine de perdre le bénéfice de l’enregistrement d’ICPE agricole. Le tonnage annuel de déchets des 7 agriculteurs est connu et ne devrait pas croitre de manière exponentielle : la crainte de voir grossir indéfiniment le site de méthanisation est peu fondée. De plus, les futurs exploitants ont indiqué qu’ils produiraient 280 Nm3/h de biogaz pour un maximum autorisé de 300 Nm3/h. La possibilité d’augmentation est faible. Dans tous les cas, si une augmentation de la capacité de traitement était envisagée dans le futur, l’installation quitterait le régime « Enregistrement » pour passer en régime « Autorisation » et devrait suivre un nouveau processus plus complexe avec étude de dangers, étude d’impact et enquête publique, avant de recevoir éventuellement l’aval du préfet.