Analyse du scrutin des présidentielles 2022

A l’issue de ce deuxième tour, force est de constater la progression du projet d’extrême droite porté par la candidate Le Pen qui, surfant habilement sur une vague démagogique,  a su capter l’oreille et les voix d’un maximum de nos concitoyens.

Tant pis pour les électeur-consommateurs qui déclarent « On  a essayé la droite et la gauche, on n’est pas satisfait : pourquoi ne pas essayer l’extrême droite ? Si ça ne marche pas non plus, on changera encore le coup d’après », je fais partie des soulagés de ne pas voir notre pays embarqué dans une aventure reniant notre constitution, les droits de l’Homme et nos alliances traditionnelles et basée sur des promesses assez irréalistes et/ou sans financement.

Un simple regard sur la Hongrie de Viktor Orban ou la Russie de Vladimir Poutine permet de comprendre qu’une fois ce genre de politiciens installés au pouvoir, avec les médias et les réseaux sociaux mis au pas pour diffuser officiellement les fake news d’État, il devient beaucoup plus difficile pour une opposition de se structurer pour construire une offre alternative. Plus familièrement, je crains qu’avec l’extrême droite à la tête d’un pays, le Service Après-Vente ne soit défaillant et qu’il soit très difficile de remplacer le produit si on n’en est pas satisfait.

Quels sont les résultats à Flines ?

2022 Flines	1er tour	2ème tour
Lutte ouvrière (Arthaud)	18
Parti communiste (Roussel)	151
LREM (Macron)	909	1549
Résistons (Lassalle)	67
R N  (Le Pen)	1078	1598
Reconquête (Zemmour)	217
LFI (Mélenchon)	453
Parti socialiste (Hidalgo)	52
EE Les verts (Jadot)	114
Les Républicains (Pécresse)	93
NPA (Poutou)	22
DLF (Dupont Aignan)	67
total exprimé	3241	3147

Avant de commenter les chiffres, félicitons quand même les électeurs Flinois : chez nous, Le Pen ne fait que 50,8% des voix alors que dans les autres communes gérées jusqu’à encore récemment par des maires communistes, les score de Le Pen sont largement pires : Anhiers 69,9% ; Auby 62% ; Guesnain 65,1%, Waziers 58%.

Que dire des chiffres flinois ?

A l’issue du premier tour, l’agrégation des voix par grands blocs donnait : extrême droite (Le Pen + Zemmour + Dupont Aignan) 1362 ; droite républicaine (LR) 93 ; centre (Macron + Lassalle) 976 ; gauche (Mélenchon + Roussel + Hidalgo + Jadot + Arthaud + Poutou) 810.

Au deuxième Tour, Macron engrange 1549 voix soit 640 voix de plus qu’au premier tour. Le potentiel du centre du premier tour étant de 976 voix, un report correct des votes autres qu’extrême droite doit être constaté.

Pour Le Pen, son score est de 1598 voix soit 520 voix de plus qu’au premier tour. Le potentiel d’extrême droite du premier tour était de 1362. Elle engrange au deuxième tour un gain de 236 voix reportées d’ailleurs que son camp, très vraisemblablement de gauche. On ne peut que constater une certaine porosité entre des électeurs extrême gauche et extrême droite.

La campagne électorale des législatives a déjà commencé. Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre et ancien sénateur, semble avoir un peu oublié les fondamentaux de nos institutions puisqu’il demande au Français de l’élire « Premier ministre ». Déjà que cela ne paraît pas toujours très clair pour certains de nos concitoyens, des raccourcis tels que celui-là ne risquent pas d‘améliorer la compréhension.

M. Mélenchon se base sur les résultats du premier tour où il est arrivé 3^ème avec près de 22 % des suffrages exprimés. Il agrège les scores de toutes les formations autres qu’extrême droite et centre et arrive ainsi à un total de 32% des suffrages exprimés. Il en déduit qu’une majorité de députés à l’assemblée nationale est possible. En apparence, ça peut se tenir : en 2017, Macron avait fait 24% au premier tour et raflé (avec son allié du Modem) 350 sièges sur  les 577.

Il faut cependant relativiser. En 2017, Le Pen avait fait  21,3% des voix au premier tour mais son parti n’a finalement réussi à faire élire que 8 députés alors que Mélenchon et ses 19,6%, faisait mieux avec 17 députés. Le parti socialiste, malgré les maigres 6,4% de Hamon (Hidalgo s’en serait pourtant bien contentée en 2022 !) avait quand même conservé 30 sièges de députés.

Les législatives ne sont pas un calque des rapports de force établis au premier tour de la présidentielle, n’en déplaise à certain. L’implantation locale des sortants, le bon sens des Français qui ne souhaitent pas systématiquement entraver le nouveau président en le forçant à une cohabitation synonyme d’immobilisme, viennent très fortement perturber les raisonnements arithmétiques simplistes et les hargnes revanchardes

La Voix du Nord de ce 26 avril se livrait à une petite projection pour les élections législatives dans les trois circonscriptions du Douaisis. Dans la Pévèle (6^ème circonscription), traditionnellement à droite, ils pensent possible une revanche des Républicains aux dépens de la marcheuse Charlotte Lecocq. Dans la 17^ème  (Douai) ils anticipent une possible triangulaire LREM, RN et LFI. Pour notre circonscription (16^ème) ils jugent possible un duel entre le sortant (Bruneel, PCF) et un candidat RN, comme en 2017.

Dans ce cas, comme je l’ai dit dans un précédent billet, j’adopterai pour une fois la morale élastique de M. Quatennens (flamboyant premier lieutenant de Mélenchon et député La France Insoumise de Lille,) énoncée entre les deux tours de la présidentielle où il déclarait : «  Aucune voix à Le Pen. Pour le reste, c’est à Macron à nous convaincre de voter pour lui »

Pour un éventuel deuxième tour Rassemblement National vs Parti Communiste Français à  Flines, ce sera à Bruneel de me convaincre de voter pour lui !