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L'observateur Flinois
2 juin 2022

NUPES ou dupes ?

Après sa défaite du premier tour de l’élection présidentielle avec 7 712 520 voix (15,82% des inscrits) à comparer aux 9 783 058 voix (20,07% des inscrits) ayant choisi de voter pour Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon essaie de rejouer le match et se proclame grand vainqueur en installant un « troisième tour » devant le propulser Premier ministre.

La campagne électorale est tellement surréaliste que plus rien ne devrait nous étonner.

 

Le réchauffement climatique risque à très court terme d’engendrer des catastrophes économiques, écologiques, météorologiques, géographiques et humaines.

La guerre en Ukraine, voulue par l’autocrate Poutine est en train de définitivement segmenter notre planète en trois secteurs durablement antagonistes : un bloc démocratique (Occident), un bloc autocratique (Chine, Russie, Turquie ?, Hongrie ?…) et un bloc islamique.

Le blocus russe des navires céréaliers en Mer Noire va certainement déclencher des famines en Afrique, déjà que la pandémie de COVID 19 a désorganisé le commerce mondial engendrant pénuries, inflation et baisses du pouvoir d’achat.

Tout ce contexte réclamerait une certaine gravité et du sérieux dans les propositions de réponse à ces défis majeurs.

 

Que voit-on en France dans ces moments suspendus ?

La Macronie semble n’avoir qu’un seul mot d’ordre : pas de vagues ! Ne rien dire ou faire qui fâche ou effraie ! Se fondre dans le paysage ! On dirait que le président ne veut pas voir une oreille qui dépasse ! Toutes les réponses sont implicitement contenues dans la politique du mandat précédent, mais le nouveau sera totalement différent, avec méthode et objectifs radicalement renouvelés. La quintessence du summum du « en même temps » C’est comme pour les masques en début de pandémie, il manque quelque chose : les décodeurs ! 

L’extrême droite la joue modeste dans ses ambitions en nombre de députés et essaie pitoyablement de monter en mayonnaise un couac collectif d’organisation du match de finale de coupe d’Europe de football pour vilipender le gouvernement. Il semble que la totalité des acteurs aient été défaillants (gérant du Stade de France pour le nombre de salariés affectés au pré filtrage, UEFA pour le nombre de billets facilement falsifiables octroyés aux Anglais, syndicalistes de la RATP très fiers d’avoir fait une grève à cet instant en désorganisant fortement les flux mais ayant une visibilité mondiale, forces de l’ordre ayant le bâton et le gaz lacrymo. trop facile…) L’objectif de la France ne saurait être rabaissé à seulement améliorer l’organisation de la prochaine coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024.

Heureusement, il y a le Leader Maximo de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale qui s’efforce (et on devrait peut-être lui en savoir gré ?)  de faire le show.

Il s’indigne faussement que le ministère de l’Intérieur, qui attribue les « couleurs politiques » qui serviront à agréger les voix pour les résultats du premier tour, ait refusé de créer une étiquette NUPES mais ventilera les scores entre ses composantes : La France Insoumise, le Parti Communiste Français, le Parti Socialiste et Europe Écologie les Verts. A contrario, Le MoDem (François Bayrou), Horizon (Édouard Philippe) et Renaissance (ex la République en Marche) seront rassemblés sous l’étiquette Ensemble ! Selon Mélenchon, ce déni de justice et cette basse manœuvre ne sont mis en place que pour éviter l’humiliation du camp présidentiel qui pourrait arriver en deuxième position derrière un score agrégé NUPES. Il omet  de préciser que les trois partis d’Ensemble ! font caisse commune et que les quatre composantes de NUPES font caisses séparées.

 

Le mercredi 1er juin, la Voix du Nord a produit un bel article expliquant que chaque voix récoltée lors des législatives rapporte un peu plus de 1,5 € par an pendant 5 ans au parti du candidat, plus 37 000 € annuels par député élu.

Les adhérents de la NUPES faisant caisses séparées, les financements publics proportionnels aux voix récoltées et aux députés élus seront répartis selon les résultats des dossards affichés : LFI ou EELV ou  PCF ou PS.

Ensemble ! ayant opté pour une caisse commune, l’argent public ira dans celle-ci, charge aux responsables des composantes de se répartir les fonds en interne.

Mélenchon voudrait que l’on agglomère les voix des composantes de la NUPES mais qu’en même temps on sépare bien les comptes pour maximiser les entrées d’argent dans la caisse de La France Insoumise. Beurre, argent du beurre et points cadeaux ?

Dans un billet précédent j’écrivais « Les faibles scores de la candidate du Parti Socialiste et du candidat d’Europe Écologie Les verts donnent à penser que le vieux tribun de La France Insoumise a effectué une excellente campagne électorale en installant l’idée que, pour la gauche, le vote utile était d’utiliser le bulletin à son nom. Il a ainsi siphonné le réservoir potentiel des candidats PS et EELV et s’est installé en position de force pour négocier les ralliements sous sa bannière en vue des législatives. Double effet Kiss Cool, bien joué ! »

Je nuancerai un peu. En imposant la séparation des comptes dans la NUPES et un maximum de candidats issus de LFI, il va maximiser ses rentrées de financements publics pour les 5 prochaines années. La France Insoumise va devenir "à l’insu de son plein gré" un parti de rentiers de la politique. Triple effet Kiss Cool !

 

Sur les enjeux fondamentaux, les objectifs collatéraux du programme de Mélenchon, à savoir ne pas choisir un des trois grands blocs qui se dessinent (Démocrates occidentaux,  Internationale autocrates, Islamistes) en prônant un non alignement ou une neutralité,  que quittent pourtant à toute vitesse Finlande, Suède et  Danemark, est non seulement incompréhensible mais terriblement hasardeux.

Sortir sans le dire de l’UE, ou paralyser dans des procédures sans fin son fonctionnement par la volonté de n’appliquer seulement que ce qui semble compatible avec le programme de La France Insoumise, est une perspective totalement effrayante dans le contexte géopolitique qui s’annonce.

Appâter les Français par des promesses populistes (retraite à 60 ans pour tous, sans décote comme déclaré par Mélenchon lors d’une interview télévisée) sans évoquer le financement  plus qu’improbable du surcoût  de la mesure, sauf à creuser l‘endettement déjà abyssal du Pays, laisse rêveur.

Je posais faussement la question : NUPES ou dupes ? Pour moi, la réponse est assez évidente.

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