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L'observateur Flinois
9 décembre 2018

Gilets jaunes : quel carburant ?

Les gilets jaunes ont encore battu (et lancé parfois) le pavé ce samedi 8 décembre, confirmant l’existence d’une grave crise sociale, dangereuse pour notre démocratie. Bien qu’ils entonnent parfois l’Hymne national, revendiquant ainsi leur qualité de Français, la naïveté de certaines de leurs affirmations et le manque de réflexion sur les conséquences de quelques une de leurs revendications sur notre devenir commun me laissent perplexe.

Sur leurs déclarations intempestives, on peut leur trouver un début d’excuse : par calcul, bêtise ou  méchanceté, (chacun se fera son opinion) des élus donnent souvent le mauvais exemple.

Ainsi, au printemps, les ennuis de la Macronie commencèrent par l’affaire Benalla (cf. billet de juillet : « la démocratie déjouée »). Le président (Les Républicains) de la commission des lois du Sénat, M. Philippe Bas, ancien ministre, conduisit avec zèle les auditions de la commission d’enquête sénatoriale sur « l’Affaire » Soupçonné d’arrière-pensées politiciennes, il se défendit dans la Presse d’être essentiellement animé par le désir de nuire à un Président voulant réduire d’un tiers le nombre de sénateurs et de députés (et les coûts en résultant)  en torpillant l’examen du projet de loi. Il arguait que sa seule motivation était de contrôler «  que la sécurité du président était bien assurée par les forces de l’ordre ad ‘hoc et non pas par un amateur de l’acabit de Monsieur Benalla ». (Cette sollicitude coûta quand même six mois d’auditions au frais du contribuable !) Maintenant qu’il a participé, avec nos deniers, à écorner durablement  l’image du Président de la République et que la sécurité physique d'Emmanuel Macron peut être en jeu, que ne l’entend-on pas ? Peut-être déplore-t-il que parmi les revendications des Gilets Jaunes figure la suppression du Sénat (radical hein !) et regrette-il vaguement d’y être allé trop fort ?

Autre exemple d’élu qui aurait mieux fait de réfléchir avant de tenir des propos mal venus (et malheureusement pour lui, enregistrés). Guy Lefrand, maire Les Républicains d’Evreux s’est laissé aller à conseiller à des gilets jaunes « que le meilleur moyen c’est de bloquer la préfecture » Celle de l’Eure a été bloquée le lendemain. Celle du Puy-en-Velay, ancien fief de Laurent Wauquier patron de Les Républicains (qui a brièvement porté le gilet jaune en soutien),  a été incendiée ! Merci qui ?

Que dire de Mme Chikirou, (Cf. billet d’octobre : « Chikirou la Benalla insoumise ») éphémère fondatrice de « Le média », site d’information (impartial ?) proche de La France Insoumise, qui invite les citoyens à ne plus s’informer auprès des médias traditionnels (journaux, radios, télévisions, sites web,…) réputés de parti-pris et manipulés, mais à ne croire que les réseaux sociaux ! Actuellement, des questions se posent au niveau des Services de Renseignement français pour savoir quelle proportion des comptes Facebook et Twitter appelant aux émeutes en France est l’émanation des services de propagande d'Etat russe. Poutine voit d’un très bon œil tout ce qui peut affaiblir Macron et sa position pro Union Européenne. Poutine, Trump même combat anti UE. Chikirou complice ?

On reproche à  « La République en marche » d’être hors-sol, ce qui n’est pas dénué de fondement et peut s’entendre. Mais que dire de ces vieux politiciens professionnels des oppositions qui jouent  à « Kriegsspiel » (jeu de guerre)  à l’instar de l’état-major régional Grand-Ouest de la Wehrmacht la veille du débarquement des Alliés en Normandie de 1944 ? On connaît le résultat de ces simulations.

Ces vieux politiciens, qu’ils soient adeptes du scooter, des commissions d’enquête parlementaires ou du port du gilet jaune en Auvergne-Rhône-Alpes sont des démagogues, qui jouent dans leur petit monde déconnecté à se répartir les futurs postes qu’ils pourraient rafler si… Ainsi, La France Insoumise, le Rassemblement National, le Nouveau Parti Anticapitaliste, Debout la France et les Patriotes,… tous les perdants des dernières élections, réclament  la dissolution du Parlement en espérant rafler la mise. Ils sont relayés par nombre de Gilets Jaunes « apolitiques » (et décérébrés ?) qui clament « Macron démission »……Et après ? …..Rien ne va plus !...... Faites vos jeux !

Les plus indulgents les créditent de méchanceté. Les plus lucides de bêtise !

Globalement, le niveau de culture institutionnelle (sans même parler de culture économique)  des Gilets Jaunes est très inquiétant : ils relaient sur Facebook une "fake new" selon laquelle la Constitution aurait été suspendue par un décret de Manuel Valls en 2016 et que donc l'élection du président de la république en 2017 est invalide... Même s'ils ignorent le principe de la hiérarchie des normes (rien ne peut battre la Constitution), peut être seront-ils convaincus si je leur affirme : "Macron a tiré une carte Chance qui annule le décret !" (C'est nul, mais c'est du même niveau.)

Passons maintenant au carburant du mouvement.

La question essentielle  est celle du Pouvoir d’achat !

Un gilet jaune, manifestement retraité donc à l’espérance de vie quantifiable selon les tables de mortalité (cynique mais vrai) et qui avait le sens de la formule, a très bien résumé l’enjeu : « On me parle de la fin du Monde, moi ce qui me préoccupe c’est la fin du mois ! »

En caricaturant on pourrait en déduire qu’il oppose sur le même plan le caractère potentiellement vivable de la Terre pour nos descendants à la possibilité de pouvoir régler le gazole et la mensualité de son SUV ainsi que ses abonnements Netflix  et IPhone chaque mois ! Posé ainsi ça ne résonne pas pareil !

Les Gilets-Jaunes réclament essentiellement  une augmentation de leur pouvoir d’achat. J’ai pu entendre sur les médias des déclarations telles que «  Nous travaillons à deux et quand nous avons payé toutes les charges fixes, il ne nous reste rien pour nous faire plaisir » ; « Je ne peux plus gâter mes petits-enfants »

Sans débattre des notions relatives de minimum vital qui dépend de la zone géographique, le standard n’est pas le même que l’on soit au Bangladesh  (besoins physiologiques au niveau 1 de la pyramide de Maslow) et en France (besoin d’estime au niveau 4), envisageons simplement la traduction macroéconomique de la satisfaction immédiate de l’augmentation massive du pouvoir d’achat.

Les gilets jaunes veulent une augmentation conséquente tout de suite du Pouvoir d’Achat !

Dans le même temps ils réclament le retour du petit  commerce dans les bourgs ruraux !

Ils exigent aussi la fin de l’évasion fiscale !

Objectivement, dans l’état de l’industrie française et vu le déficit actuel du commerce extérieur (on importe plus de biens de consommation courante que l’on n’exporte de TGV, d’Airbus ou de Rafales) toute augmentation instantanée du pouvoir d’achat conduira à un surcroît d’activité des importations de biens de consommation et du commerce via internet, dont Amazon qui ne paie quasiment pas de taxes en France ! ZERO objectif atteint !

En 1983, la relance par la consommation de François Mitterrand s’était heurtée de plein fouet à ce principe de réalité et avait conduit au tournant de la Rigueur.

Les septennats et quinquennats précédents ont laissé une France surendettée et accro. à la dépense publique, avec un taux de prélèvements obligatoires excessif permettant une redistribution sociale au-dessus des moyennes européennes.

L’économie ce sont des flux. Il n’y a pas de cagnotte mais une ventilation des recettes (impôts, taxes, emprunts, produits divers) vers des dépenses : services publics, infrastructures (routes, écoles, hôpitaux,..), armées,…

Pour redistribuer plus, il faut augmenter l’activité (accroitre les recettes) en facilitant l’investissement et en même temps réduire les dépenses. C’était le plan, qui respectait les engagement européens.

Le Président, pour calmer la grogne sociale, en partie légitime mais qui se radicalise et menace l’Ordre Public, va sans doute lâcher du lest.

Cela va coûter très cher : les contribuables actuels et leurs enfants n’ont pas fini de payer !

En guise de concession aux revendications des gilets jaunes, je propose d'abolir toutes les limitations de vitesse sur les routes de campagne et d'y supprimer les radars verbalisateurs. Pour diminuer les cotisations (pardon, "les taxes" en langage gilet jaune) de sécurité sociale, je  propose dans le même temps de ne plus prendre en charge les dépenses afférentes aux accidents routiers sur ces mêmes départementales. Plus de liberté, moins de charges : elle serait pas belle la vie ?

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