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L'observateur Flinois
26 janvier 2024

Le monde est devenu fou

L’actualité est très déprimante ces jours–ci.

 Le conflit en Ukraine s’installe pour durer : le rapport de puissance entre la Russie et l’Ukraine est démesuré, à l’avantage de Poutine. L’autocrate a envahi sous de fallacieux prétextes son voisin dont le peuple manifestait l’intention de changer d’orbite en quittant la sphère russe pour rejoindre celle de l’Europe. Le droit des peuples est en principe souverain mais les autocrates « savent mieux » que le peuple ce qui « est bon pour lui. »

 Des démocraties illibérales (définition de wkipédia : situation démocratique où, néanmoins, l’indépendance de la justice est malmenée, et les citoyens ne bénéficient pas d’un traitement égalitaire face à la loi, ni de protections suffisantes face à l’État ou à des acteurs privés ») telles la Turquie, la Hongrie voire la Slovaquie, entravent le soutien des pays de l’OTAN et ont dérivé au profit de leurs entreprises les échanges commerciaux avec la Russie, soutenant ainsi l’effort de guerre russe.

 Aux Etats-Unis, les Républicains et TRUMP, leur leader incontrôlable, menacent d’abandonner toute aide à l’Ukraine, auto centré sur leur conflit avec la Chine et l'immigration via le Mexique. Que les Européens se débrouillent avec leur turbulent voisin russe, dont Trump a plutôt une bonne image.

 En France, le discret lobbying pro-poutine du Rassemblement National est inquiétant également pour la continuation de l’engagement français derrière l’Ukraine, si Marine Le Pen arrivait au pouvoir en 2027.

 Il ne faut plus compter aveuglément sur le parapluie militaire américain. Si Trump n’est pas arrêté, les Européens risquent de se trouver bien seul et impréparés pour contrer les appétits de Poutine, si celui-ci gagnait en Ukraine. Beaucoup de « si » certes, mais gouverner c’est prévoir et même le scénario impossible a, en théorie mathématique, une probabilité.

 Les tergiversations et les hésitations pour soutenir à fond l’Ukraine sont suicidaires.

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 Autre dérive. Fin 2023, le gouvernement a fait voter une loi immigration. Le projet du gouvernement comportait à l’origine 27 articles. Le Sénat à majorité Les Républicains l’avait outrageusement « droitisé » en introduisant une multitude d’articles répressifs, portant le total à plus de 80 articles. Les oppositions à l’Assemblée nationale avaient usé d’une procédure règlementaire en votant une motion de rejet d’une texte soupçonné d'être devenu inconstitutionnel (ce qui factuellement se révélera exact). Après la commission mixte paritaire Sénat–Assemblée, c’est finalement un texte de 86 articles qui avait été présenté aux votes de l’Assemblée, adopté avec toutes les voix d'un Rassemblement National jubilant et criant à la victoire de ses idées.

 De l’aveu même du président de la République, le texte adopté présentait des dispositions inconstitutionnelles et immédiatement, des recours ont été déposés.

 Jeudi 25 janvier, le Conseil Constitutionnel a rendu son arrêt : 35 articles de la loi ont été retoqués, la plupart au motif qu’ils n’avaient pas beaucoup de lien avec l’objet de la loi.

Le ministre de l’intérieur exulte car 26 des 27 articles de son projet initial ont été validés.

Les leaders de la droite (Eric Ciotti, Laurent Wauquier entre autres) crient au « coup d’état de Droit », au « hold-up démocratique » et appellent à modifier la Constitution.

Le Rassemblement National appelle à un référendum sur la « déferlante migratoire ».

Tout cela est inquiétant et affligeant.

Les Sénateurs Les Républicains et leurs alliés UDI devaient forcément savoir que le catalogue de leurs désidératas réactionnaires, ajoutés dans le projet de loi, serait probablement considéré comme une liste de cavaliers législatifs et retoqué. S’ils ne le savaient pas, ils sont en dessous de tout !

Les oppositions qui ont voté le rejet du texte savaient que projet durci du Sénat avait une probabilité très forte d’être repêché en commission mixte paritaire et voté. Si le texte avait été discuté article par article, il se serait peut être dégagé des majorités avec l’aile gauche des députés macronistes qui ont finalement voté contre le texte. Ils ont préféré « infliger un camouflet à Macron ! »

Les responsables des Républicains jettent l’opprobre sur les institutions, appellent à limiter le pouvoir des juges et à catégoriser les résidents en France… donc à une dérive illibérale (cf. définition de wikipédia cité supra)

Le Président de la République joue avec le feu et se discrédite quand, par calcul tactique, il laisse passer au parlement des mesures qu’il sait inconstitutionnelles pour flatter le GIE (Groupement de (petits) Intérêts Électoraux) Les Républicains et instrumentalise le Conseil Constitutionnel pour, en même temps, essayer de sauver l’image modérée de ses actions.

La grande gagnante de la séquence est Marine Le Pen qui peut gloser sur la victoire de ses thèmes d’exclusion, stigmatiser le pouvoir des juges (cf. illébiralisme) et réclamer l’affadissement de la Constitution afin de pouvoir dérouler en toute légalité ses thèmes xénophobes et ses fantasmes anti-migratoires.

Quel gâchis ! Quel dégoût pour la petite politique politicienne ! Quelle incitation à acheter un permis de pêche et à bouder les urnes !

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Les agriculteurs bloquent les axes de circulation, « repeignent » au lisier des façades de préfecture et de supermarché (tout ça sous le regard mipassible des forces de l'ordre) et présentent un inventaire à la Prévert de plus de 100 doléances préalables

La situation des exploitants agricoles est certainement difficile et certaines de leurs revendications légitimes.

 Il me semble pourtant qu’un peu de nuance serait nécessaire. Il y a de grandes différences de chiffre d’affaires et de revenus entre les gros exploitants céréaliers de la Beauce et les petits éleveurs de chèvres du Larzac. Les enjeux ne sont pas les mêmes.

Ainsi, les faibles revenus mentionnés par de petits paysans à la télé mériteraient d’être expliqués. Un petit exploitant agricole est un chef d’entreprise qui vit sur son lieu de travail. Un revenu de 900 € mensuel est certes faible mais s’il représente le reste à vivre, les charges courantes (assurances, énergie, télécommunications, remboursements d’emprunts y compris sur le logement intégré à la ferme et la camionnette) étant supportées par l’entreprise, c’est à comparer avec le reste à vivre d’un smicar après qu’il ait payé son loyer, ses énergies, ses assurances, ses abonnements divers, etc.. Il faut comparer ce qui est comparable.

 Parmi les revendications de la FNSEA il y a l’abandon des restrictions sur l’usage immodéré des pesticides au nom du productivisme et de la baisse des prix pour les consommateurs. Demande scandaleuse. La biodiversité est en train de mourir, empoisonnée par la chimie agricole. La FNSEA nous demande de choisir entre la malbouffe par chère dopée aux produits chimiques et la fin de la biodiversité ? Pile elle gagne ; face on perd !

 La fin de la multiplication des tracasseries administratives est aussi une demande. Celle-ci me paraît très raisonnable.

 Il faut savoir que les fonctionnaires français, contrairement à ce qui est souvent dit, sont travailleurs et essaient avec ardeur de justifier leurs traitements mensuels. Ils s’enorgueillissent ainsi d’être les champions de la transposition maximale des directives européennes. On ne peut pas les taxer de laxisme mais au contraire d’un certain jusqu’au-boutisme.

Par exemple, il  y a quelques année, un entrepreneur souhaitait implanter dans le Douaisis une unité relevant des installations classées pour la protection de l’environnement.

Il lui fut conseillé de prendre l’attache de l’administration française afin de connaître les contraintes. Ce qu’il fit. Il consulta en parallèle l’administration belge… et s’installa à Tournai. Pourtant Belges et Français ont traduit dans leurs réglementations respectives les mêmes directives européennes.

Pour terminer, plus de 80% des Français déclarent soutenir les blocages des agriculteurs et trouvent légitime qu’ils gagnent mieux leur vie. Si 80% des Français achetaient en direct des produits issus de l’agriculture locale, peut être un petit peu plus cher que le poulet brésilien, le mouton australien, les haricots verts du Kenya,... qu’ils privilégient dans leurs hypermarchés, les agriculteurs n’auraient pas besoin de bloquer les routes.

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