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L'observateur Flinois
9 septembre 2022

Conseil National de la Refondation

Ce jeudi 8 septembre, le chef de l’État a lancé en relative discrétion un OVNI (objet volontairement non institutionnel), outils de démocratie participative à vocations multiples voulu par Emmanuel Macron.

Le but politique sous-jacent est bien évidemment pour le Président de la République de desserrer l’étau de la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale qui gêne considérablement la conduite des affaires. Les oppositions, Rassemblement National, Les républicains et Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale qui s’en offusquent feraient bien de balayer devant leur porte : leur obstruction systématique et véhémente (voire cynique dans certain cas)  rend tout compromis dans l’intérêt des Français impossible. Il faut bien en sortir.

Quelle est la situation générale ?

Échec du libéralisme à tout crin.

Il a débouché sur une mondialisation économique débridée qui a pitoyablement échoué. Croire que l’intensification  du commerce et de la division internationale du travail convertiraient tous les peuples à la démocratie occidentale en les enchaînant dans une frénésie de consommation irréfragable est un échec total en passe de plonger la planète dans le totalitarisme absolu. L’union Européenne est devenue hyper dépendante aux énergies fossiles russes, dans le temps même où Poutine relançait son agriculture et limitait son exposition aux financements internationaux. Les conditions lui semblant favorables il a tenté l’invasion éclair de l’Ukraine sachant qu’il pourrait utiliser en ultime recours, en cas d’enlisement, l’arme des livraisons d’hydrocarbures pour influencer les opinions publiques occidentales. En République Tchèque, en Slovaquie, en Bulgarie et en Allemagne même, les forces pro-russe (généralement d’extrême droite) ou simplement bêtement consuméristes, se manifestent, jouant sur la peur de manquer de chauffage cet hiver et martèlent qu’il faut en finir avec les sanctions de l’UE contre la Russie pour négocier au plus vite avec Gazprom (opérateur gazier d’État russe) des contrats préférentiels de fournitures de gaz sur le modèle de Viktor Orban, ce dirigeant hongrois illibéral grand admirateur par ailleurs de Poutine. Le goût des dividendes confortables permis par l’énergie bon marché risque de se terminer par l’obligation d’apprendre obligatoirement à nos bambins le Russe dans des écoles maternelle bien chauffées.

Ce même libéralisme a conduit à faire de la Chine l’usine du monde (toujours l’appétence pour les produits de grande consommation à bas prix et les confortables dividendes) grâce à ses coûts du travail imbattables et la discipline d’une main d’œuvre socialement notée et fliquée, taillable et corvéable à merci. Cela a mis dans la main du dirigeant chinois des armes de pression formidables sur nos marchés et donc nos consommateurs (cf. pénurie de masques chirurgicaux au début de la pandémie de COVID-19). Fort heureusement, la dépendance est réciproque car faute de marché intérieur suffisant, la Chine a besoin de nos étals pour écouler ses productions et encaisser nos devises. Chine et Occident se tiennent par la barbichette… le premier qui rira…

Changement climatique accéléré.

Même les climato-sceptiques ne peuvent plus feindre d’ignorer les canicules, les sécheresses, les méga feux de forêt, les orages violents et les inondations dévastatrices. Il est sans doute déjà trop tard pour enrayer le phénomène mais il faut absolument tout faire pour y adapter nos habitats et limiter son accélération.

Affaiblissement continu de la démocratie.

Outre les courants de l’opinion jugeant que pouvoir faire à bon marché le plein de son SUV pour aller skier sur de la neige artificielle obtenue à grande débauche d’énergie et aux dépens des nappes phréatiques, pousser son chauffage en hiver et chauffer sa piscine valent sans doute de fermer les yeux sur le totalitarisme et l’expansionnisme de Poutine, on constate un affaiblissement général de la participation citoyenne à la vie de la Nation.

Perte de confiance générale dans les élus suspectés d’être hors sol et dans les institutions jugées inefficaces qui se traduit par une abstention de plus en plus forte aux élections.

 Montée du populisme : c’est la faute des autres (musulmans, capitalistes,…) si tout va mal et il suffira de pendre le dernier capitaliste avec les tripes du dernier musulman pour que la France redevienne un pays de lait et de miel. Proposition au demeurant irréaliste qui nécessiterait l’étroite collaboration de l’extrême droite avec l’extrême gauche : on n’en est pas encore tout à fait là, quoique les électorats sensibles au populisme paraissent assez interchangeables.

Spectacles lamentables offerts par certains de nos parlementaires.

Les élus de La France Insoumise font tout ce qu’ils peuvent pour entraver l’action gouvernementale, quitte à refuser la moindre petite avancée car ils en exigent une énorme à la place. Ils parient sur une dissolution provoquée par la  paralysie du gouvernement en espérant rafler la mise. L’arithmétique  est pourtant contre eux. Lors de la législature 2017-2022 le Front National avait 8 députés et la France Insoumise 17. Pour la législature 2022-2027 les députés rassemblement National (l’enseigne a changé, pas la gérante ni le fonds de commerce) sont 89 et ceux de LFI 75. Il faut  prendre en compte un système de scrutin  législatif défavorisant à priori un RN subissant souvent un « barrage républicain » ainsi qu’un marketing très habile de Jean-Luc Mélenchon mobilisant un vote soi-disant utile au premier tour, siphonnant ainsi les voix potentielles de gauche, ce qui lui a permis d’imposer ses candidats LFI en nombre dans les investitures NUPES. Ce coup marketing a favorisé une surreprésentation des députés LFI qui leur monte à la tête. Ces deux biais soulignés (sous-représentation de l’un et surreprésentation de l‘autre) on constate quand même un accroissement de 1 000 % du nombre de députés d’extrême droite pour seulement un gain de 340 % de ceux d’extrême gauche. Si on rajoute le travail d’image de bons députés correctement habillés votant les mesures d’aides immédiates aux Français  à opposer à celle d’individus vociférants, déguisés en Français moyen et s’opposant bruyamment à tout, on voit de quel côté est la dynamique. Le pari de Mélenchon est tout sauf gagné.

La disqualification du Sénat s’ajoute malheureusement au spectacle. La candidate des Républicains à la présidentielle n’a convaincu que 4,78% des votants. Les députés LR représentent 10,7% des élus de l’Assemblée Nationale. Les sénateurs LR sont 145 soit 41% du Sénat. Il y a un énorme écart entre le poids LR, (entre 5% et 10% de sympathisants) et la surreprésentation au Sénat. Cela démontre que le Sénat ne représente pas les Français mais les élus des collectivités locales. En toute mauvaise foi, Gérard Larcher président Les Républicains du Sénat refuse de participer au Conseil National de Refondation au prétexte que seuls les députés et les sénateurs votent les lois et qu’il ne faut pas les contourner. C’est le Sénat qui s’est opposé à la réduction de 30% du nombre des députés et sénateurs voulu par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat. C’est pourtant une demande des Français !

Le gâchis.

Le monde bouge très vite et il faut adapter notre Pays. L’Union Européenne semble enfin se décider à plus de coordination économique, énergétique, militaire afin de préserver nos acquis.

Nos institutions se mettent par contre au ralenti, freinées par les jeux politiciens et des analyses à la fois passéistes et anticipatrices. Qu’il n’y ait plus de majorité godillot suivant aveuglément les ordres du président pourrait être une bonne chose si nos élus savaient coopérer et élaborer des compromis permettant d’avancer. On en est loin. Les élus des oppositions sont tiraillés entre trois tendances contradictoires : démontrer par l’absurde qu’ils ont raison et que leurs analyses et leurs solutions sont les seules bonnes -  se venger du quinquennat précédent pour les couleuvres avalées – se positionner pour l’élection présidentielle de 2027 et les législatives à suivre, en croisant les doigts pour que les Français votent cette fois-ci correctement pour une majorité présidentielle absolue, qu’ils vomissent pour l’instant.

La physique est implacable : tirer en même temps sur trois cordes dans trois directions antagonistes permet rarement de progresser franchement dans une des directions.

Une nouvelle méthode de démocratie participative est proposée : faire réfléchir dans un nouveau cadre informel très souple les acteurs de la Société française afin de poser un diagnostic et d'esquisser des pistes de solution. Il n’est aucunement question que ce Conseil de la Refondation élabore et vote des lois. Les élus des oppositions boycotteront  pourtant ce Conseil  National de la Refondation.

On pourrait objecter par ailleurs qu’il existe déjà un Conseil économique, social et environnemental (CESE) dont la mission première est de conseiller les pouvoirs publics en matière économique, sociale et environnementale et qui est obligatoirement saisi pour avis des plans ou des projets de loi de programmation à caractère économique, social et environnemental. Il y aurait potentiellement risque de double emploi sauf que la composition du CESE est hyper rigide (Décret n° 2021-309 du 24 mars 2021)  et que dans les faits, les syndicats et associations sont parfois tentés de recycler dans cette enceinte ouatée des vieux permanents en récompense d’une longue carrière militante, leurs indemnités mensuelles de base de 1 930,64 € brut venant soulager d’autant la trésorerie de leurs organismes.

L’objection de M. Larcher sur la constitution d’un « machin supplémentaire » et sur l’exclusivité du vote des lois par les parlementaires est d’une mauvaise foi totale. Lui qui se targue de représenter les collectivités locales est en outre déjugé par les associations d’élus locaux (régions, départements, communes)  qui participeront finalement, quoique sans enthousiasme.

Le MEDEF et quelques syndicats réformistes (CFDT, UNSA, CFTC) ne pratiqueront pas la politique de la chaise vide, au cas où des choses utiles sortiraient éventuellement de ce CNR. Les autres syndicats préfèrent l’option classique (et généralement peu productive) des manifestations de rue. Les partis d’extrême gauche (LFI en tête) privilégient aussi cette option pour bloquer le Pays mais sont regardés avec méfiance par les syndicats.

Conclusion

Pour des tas de mauvaises raisons cachant mal des intérêts égoïstes et des calculs à très courte vue, les élus des oppositions essaient de torpiller une initiative de démocratie participative qui, au pire produira du vent mais au mieux pourrait accoucher de pistes originales pour relever les défis qui nous attendent. Les oppositions préfèrent continuer leurs petits jeux stériles de pouvoir, plutôt que de prendre le risque d’aider le gouvernement à avancer et de s’arroger ensuite les lauriers du succès. C’est pitoyable et démontre que quoiqu’ils puissent dire, les élus des oppositions préfèrent leurs intérêts court-termistes aux intérêts communs des Français. Aider le gouvernement à élaborer des politiques nouvelles c’est d'abord aider les Français.

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