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L'observateur Flinois
19 septembre 2022

Faites ce que je dis...

Alors que depuis 10 jours les médias, quels que soient les supports (radio, télévision, journaux et magazines imprimés), nous abreuvent jusqu’à plus soif des fastes dispendieux et surannés déployés autour des funérailles de la reine d’Angleterre, éclipsant presque les charniers parsemant les territoires abandonnés par les envahisseurs russes en Ukraine, un minuscule fait divers vient quelque peu modifier l’atmosphère. Comme le titre La Voix du Nord du lundi 19 septembre : « Adrien Quatennens reconnaît une gifle et des disputes avec son épouse, il se met en retrait de LFI. »

Banale affaire de droit commun, comme il en existe malheureusement des milliers chaque année et qui ne donnerait normalement pas lieu à un billet par souci premier de ne pas tirer sur l’ambulance et également par respect de la vie privée des hommes politiques mais, le contexte est particulier.

Le mouvement populiste La France Insoumise, qu’avec une grande habileté marketing le tribun et talentueux orateur Jean-Luc Mélenchon a réussi à propulser en leader de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) et dont Quatennens était jusqu’à hier l’étoile montante et le coordinateur, est trop impliqué dans son affichage contre les violences faites aux femmes pour que le fait divers reste anodin.

Dans son programme présidentiel Mélenchon « souhaitait débloquer 1,1 milliard d’euros pour lutter contre les violences faites aux femmes. Il ajoutait : « Il faut former les professionnels concernés aux violences intrafamiliales, sexistes et sexuelles pour détecter rapidement les situations de violences physiques, psychologiques ou de contrôle coercitif. » Il concluait : « Il est nécessaire de créer au sein de chaque commissariat une cellule d’urgence avec un personnel qualifié qui prend en charge la victime, l'accompagne pour le dépôt de plainte et l’examen médical »

Pour dédouaner son poulain, changement de ton.  Mélenchon a tweeté ce week-end : « La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d’Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection. » Il faut noter d’abord que la commisération de Mélenchon ne s’adresse qu’à son pote Adrien, sans un mot de soutien pour la victime des violences… Révélateur non ? Il faut toujours se méfier de la première impression car c’est souvent la bonne !

Que La France Insoumise se soit attiré l’inimitié des policiers n’est malheureusement pour elle qu’un retour de manivelle : les commentaires acides de Mélenchon tel « La police tue » n’ont certainement pas favorisé la bienveillance a priori des policiers envers LFI. Que les médias et les réseaux sociaux aient amplifié les mésaventures du couple Quatennens ne peut pas leur être reproché par quelqu’un qui use habituellement de ces canaux comme un virtuose pour vilipender ses adversaires en petites phrases venimeuses. Il faut accepter les règles du jeu que l’on pratique, même quand elles se retournent contre vous.

Plus grave, la teneur des réactions de la France Insoumise interroge : Clémentine Autain députée Insoumise d’expérience dénonçait il y a peu « la forme gazeuse de LFI » et en pointillé une manque de transparence et de démocratie interne. Des affaires récentes de soupçons de comportement inapproprié de certains candidat et élus de LFI avec les femmes ont mis en évidence un manque de clarté patent dans les procédures du mouvement sur ce sujet, flou qui ne semble pas dater d’hier (cf.  article « La France Insoumise les préfère soumises ? », Causette du  5 décembre 2018)

Adrien Quatennens dit ignorer le contenu de la main courante déposée « pour laisser une trace dans le contexte particulier des tensions autour de notre divorce» par son épouse et livre donc le minimum (pas la peine de se charger par inadvertance) : il concède une gifle, avoir saisi le poignet, la prise du portable de son épouse et qu’elle se soit cognée en voulant le récupérer ainsi que de trop nombreux messages pour tenter de la convaincre de ne pas le quitter. Traduit en d’autres termes moins avantageux pour lui, il y a à minima : un coup et une contrainte physique ; la confiscation de son téléphone comme à une ado indocile ; une bousculade assez violente pour faire chuter et du harcèlement téléphonique. Ça sonne déjà moins sympa hein ?

L’aura de l’étoile montante de LFI pâlit méchamment et pour protéger son mouvement il se met en retrait. Pour sûr, les chantres autoproclamés de la lutte contre les violences faites aux femmes voient leurs discours mêmes sincères nettement dévalués avec un tel champion et le minimum est qu’il s’écarte.

Mais quid des électeurs lillois de Quatennens ? Ils ont renouvelé leur confiance en 2022 à un candidat au discours très offensif, pourfendeur du grand capital, défenseur infatigable de la veuve et de l’orphelin et grand dénonciateur de la vacuité d’Emmanuel Macron qui, selon lui, disserterait beaucoup mais n‘agirait pas. Il apparaît que lui aussi cause beaucoup mais agit, au moins ponctuellement, à rebours de ses discours. Il y a tromperie sur la marchandise. En matière commerciale le produit défectueux serait remboursé ou échangé.

Les électeurs de la 1ère circonscription du Nord seraient fondés à réclamer sa démission et une nouvelle élection partielle.

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  • Ce blog n'a pour ambition que de refléter les opinions, remarques et propositions de son auteur. Il est bien sûr inspiré par la vie à Flines-les Râches, où je réside, mais aussi par l'actualité en général.
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