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L'observateur Flinois
15 décembre 2020

Le petit bout de la lorgnette

La pandémie de Covid-19 n’en finit pas et pour parodier les franchises cinématographiques des grands studios américains on pourrait écrire : «  Le retour de la vengeance du Covid-19 revient encore III »

Ce 15 décembre, alors que les indices d’une circulation encore très importante du virus sont bien présents (plus de 14 000 nouveaux cas le 14 décembre, 25 000 hospitalisés dont 2900 patients présents en réanimation) le gouvernement assouplit les règles du confinement : un couvre-feu vient remplacer les attestations de déplacements, les jeunes peuvent retrouver le chemin des pratiques sportives encadrées, les réveillons familiaux du 24 décembre sont autorisés, les résidents des EHPAD pourront y participer sous conditions

Hélas, pour les activités de groupes telles : séances de cinéma, représentations théâtrales, rencontres sportives, pratique du ski alpin,  pratiques sportives en salles, séances de cirque, visites de musées… l’éventuelle réouverture est repoussée au 7 janvier.

Les exploitants de ces activités dont beaucoup, exsangues, ne sont pas sûrs de survivre à ces fermetures prolongées manifestent : ils réclament le droit de travailler. On ne peut que comprendre la manifestation de cet instinct de survie et l’argent dépensé par la collectivité pour les soutenir.

Ce qui sont plus incompréhensible, ce sont les arguments assénés par certains artistes qui profitent de leur notoriété pour dire n’importe quoi.

Ainsi, Fabien Marsaud dit Grand Corps Malade déclarait récemment. « Pourquoi interdire les spectacles ? Les gens se pressent dans les supermarchés : on est moins contagieux dans un supermarché que dans une salle de spectacle ? »

L’incurie de ce raisonnement est affligeante. Bien sûr que les risques de contagion sont équivalents, mais, la pandémie perdurant, il faut limiter les risques à défaut de pouvoir les supprimer. Une assignation à résidence de la population telle que pratiquée en Chine est le moyen le plus efficace d’éviter la propagation d’un virus : elle serait inacceptable en France. Selon la pyramide des besoins de Maslow, la première marche est constituée des besoins physiologiques (respiration, faim, soif, sommeil, élimination)  : se nourrir et s’abreuver sont les premières étapes préalables incontournables.

Contrôler un emballement du risque de contagion en limitant les interactions entre individus peut passer par la restriction des lieux autorisés à ceux de la première marche, celle des besoins physiologiques. L’argument de Grand corps malade est  fallacieux : autoriser simultanément courses alimentaires et spectacles revient à multiplier les occasions de contagion et à potentiellement multiplier le nombre de malades en réanimation. Bien sûr il n’a pas osé pousser son raisonnement  «  par le petit bout de la lorgnette"  à l’idée de fermer les supermarchés pour rouvrir à la place les salles de spectacle.

A ce stade, Monsieur Marsaud, il faut allonger la focale de la lunette et regarder ce que font nos voisins européens.

En Allemagne, Mme Merkel a annoncé un confinement  plus strict : bars, restaurants, lieux culturels ou encore clubs de sports devraient ainsi rester fermés pendant encore plus d’un mois. L’accès aux magasins sera également restreint, avec un nombre limité de clients en fonction de leur superficie. Elle demande que l’Union européenne interdise les séjours de ski.

Au Pays-Bas, le premier ministre Mark Rutt a annoncé ce mardi 14  un  confinement durci pour cinq semaines, à partir de mercredi, comprenant notamment la fermeture des musées, cinémas, zoos et autres lieux accueillant du public, de tous les bars et restaurants et instaurant le port obligatoire du masque ainsi que l'interdiction de la vente d’alcool après 20 h.

Notre Pays ne paraît pas plus mal loti que nos  proches voisins et il n’apparaît pas, à l’aune des mesures prise par ces autres pays, y avoir chez nous une gestion catastrophiquement plus mauvaise ou liberticide.

Un petit sommet de désinformation cynique a peut-être été atteint lors de l’interview de Jeanne Balibar (actrice, comédienne et chanteuse) par Léa Salamé dans le  « 7-9  de France Inter » mardi 15 décembre.

Mme Balibar insinue l‘existence d’un complot fomenté par Emmanuel Macron pour étouffer la Culture. Selon elle, il y a d’autres façons de gérer la pandémie, par exemple elle annonce partir le jour même pour jouer au Portugal où les spectacles sont autorisés. « Je m’envole tout à l’heure pour aller jouer au Portugal, un pays qui n’a jamais fermé ni ses cinémas, ni ses théâtres, ni ses musées, ni même ses restaurants depuis le 1er juin", explique la comédienne, qui omet toutefois de préciser que le Portugal a connu une explosion des cas depuis, et que le nombre de morts de la Covid y a été multiplié par six entre le 1er juin et aujourd'hui. (source : site France Inter)

Elle énonce sans broncher : « Le brassage des populations autour des églises pour tous les gens qui vont s’asseoir de la même manière pour voir l’histoire de Jésus, en quoi ils sont moins contaminants que ceux qui viennent voir l’histoire de Roméo et Juliette ? »  Même en étant athée, un minimum de respect pour les croyances et pratiques religieuses des autres semble être essentiel pour le bien vivre ensemble. La provocation cynique est toujours contre-productive. Les explications fournies pour Grand Corps Malade comparant supermarchés et spectacles restent d’actualité.

Résumer l’action du gouvernement pour contenir la pandémie de Covid-19 à un complot contre la Culture est digne des raccourcis des diatribes Gilets Jaunes ! Mme Balibar trouve également que les Oppositions  politiques sont bien timides sur le sujet. (Chiche,  Monsieur Retailleau ?)

Le plus affligeant est que Jeanne Balibar est une représentante de l’élite intellectuelle française. Lycéenne, elle a gagné un prix au très sélectif et élitiste Concours général ; après les classes préparatoires en Lettres (Hypokhâgne et Khâgne) au prestigieux lycée parisien Henri-IV, elle réussit le concours de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, la plus huppée de nos écoles normales supérieures. Bref, une Formule 1  intellectuelle.

Assurément, ce n’est pas par bêtise que Jeanne Balibar assène de telles contre-vérités en étant sourde et aveugle au contexte européen : c’est par tropisme idéologique. Dommage de gâcher de tels dons intellectuels.

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