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L'observateur Flinois
1 août 2019

Restons objectifs, si possible !

Par ces temps estivaux, moins exigeants en contraintes diverses, prenons celui de nous intéresser un peu à la Presse et ce quelle révèle de l’esprit de l’époque.

Petit rappel liminaire : le Premier ministre, pour des raisons de sécurité avait décidé qu’à partir du 1er juillet 2018, la limitation de vitesse sur certaines routes secondaires serait abaissée à 80km/h. La levée de bouclier fût immédiate (Cf. billet « Nonante ou Octante », juillet 2018) et cette décision fût un des catalyseurs de la crise des Gilets jaunes. Les élus de l’opposition (sénateurs et conseillers départementaux en tête), arguant de leur connaissance fine du terrain, enfourchèrent le cheval de la contestation populaire et réclamèrent à grand cri la possibilité de déroger localement (avec l’accord du préfet) à la règle et de revenir aux 90km/h. Se faire mousser en attaquant sans risques le Pouvoir est toujours un régal pour des élus d’opposition.

Pendant la crise, prétextant un « racket des radars », les Gilets jaunes ont détruit ou aveuglé une bonne partie des radars automatiques. Ces derniers ne peuvent plus prendre de clichés pour relier une immatriculation à une infraction, mais cela n’empêche pas le dispositif aveugle de détecter et mémoriser les vitesses excessives. La Voix du Nord du 10 juillet titraient ; « De plus en plus d’accidents mortels… La police renforce ses contrôles de vitesses » On y apprenait qu’en 2018 la mortalité routière dans le Pas-de-Calais n’avait jamais été aussi basse en quarante ans mais qu’elle est repartie à la hausse (+26%) au premier semestre 2019. La proportion des cas d'accidents mortels liés à la vitesse excessive en 2019 est de 39% (à comparer aux 11% du premier semestre 2018) Le constat est similaire dans le Nord.

Le journaliste écrit « Il n’y a pas de doute, dans le Nord et le Pas-de-Calais les automobilistes roulent plus vite depuis que de nombreux radars ne flashent plus »  Le service sécurité de la Direction des Territoires du Nord indique que « …Et ce que l’on voit depuis de longs mois c’est que la vitesse des automobilistes a largement augmenté » Le directeur du cabinet du préfet du Pas-de-Calais déclare « Le fait que la vitesse redevienne la première cause d’accidents mortels est lié au manque de radars »

La Jacquerie des gilets jaunes et la Fronde des élus étant passé par là le gouvernement a lâché du lest sur les 80km/h.

Les Echos du 31 juillet reviennent sur le projet de loi (voté le 6 juin à l’Assemblée nationale, en attente de ratification au Sénat) qui va permettre aux Conseils Départementaux et aux maires de rétablir la limitation à 90km/h sur certaines portions du réseau routier de leur ressort. Un sous-titre indique : « Les élus sont pris en étau entre le mécontentement d’une partie des automobilistes et la sécurité sur les routes » En effet, le projet de loi dispose que les présidents de Conseils Départementaux et les maires pourront remonter la limitation de vitesse sous leur seule responsabilité, sans devoir obtenir l’aval (et donc la coresponsabilité) du préfet.

Au fil de l’article on apprend que « La règle reste le 80km/h, les 90km/h l’exception » ; « En Haute Marne (président Les Républicains) 15 % des routes devraient repasser à 90km/h » ; « Je ne vais pas prendre le risque de passer un tronçon à 90km/h. Je n’ai pas envie d’être cloué au pilori au premier mort (Président Les Républicains des Côtes-d’Armor) ; « On ne va pas passer énormément de routes à 90km/h. Il y a une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes (Président Les Républicains du Bas-Rhin) » ; En Meurthe-et Moselle, les routes resteront à 80km/h comme dans 6 autres départements « Dès lors que l’objectif est de réduire le nombre d’accidents mortels, je pense que tout doit être tenté (président Parti Socialiste) »

La morale de cette histoire c’est que pour s’opposer sans frais, des élus sont prêts au soutien démagogique de revendications populistes contraires au bon sens. Quand on leur donne, en responsabilité, le pouvoir de revenir en arrière, ils ont beaucoup moins d’allant. Où est la crédibilité ? C’est l’ensemble du personnel politique qui se tire une balle dans le pied.

 

Autre thème.

Lors de la fête de la musique en mai, des incidents encore peu clairs se sont déroulés sur les quais de la Loire à Nantes et le cadavre d’un malheureux « Teufeur » (Steve Maia Caniço) vient d’être repêché.

Seuls faits avérés : les « Sound machines » étaient autorisées jusqu’à 4 h du matin. La police est intervenue pour faire respecter la consigne. Deux Disk Jockey ont relancé les platines après le départ des forces de l’ordre. Celles-ci sont revenues et ont été accueillies avec des projectiles par les « teufers » résiduels. Les forces de l’ordre ont riposté avec des gaz lacrymogènes, des balles de défense et même des grenades de désencerclement. Les bords des quais étaient mal protégés et il y avait trop peu d’agents chargés de la sécurité. Pendant la soirée, puis l’intervention policière, des « teufers » sont tombés à l’eau. Un d’entre eux s’est noyé.

L’inspection générale de la police (IGPN) a rendu un rapport dont le premier ministre en personne a commenté la synthèse. Ce qui est retenu c’est que « Aucun élément ne permet d’établir un lien direct entre l’intervention des forces de l’ordre et la disparition de M. Maia Caniço vers 4 h le même jour dans le même secteur ». Par contre, sortant de son rôle qui est strictement circonscrit aux agissements des forces de l’ordre, l’IGPN questionne sur les autorisations accordées par la mairie, le barriérage partiel le long des quais et l’organisation de la sécurité.

Comme d’habitude, hélas, l’opposition (surtout les écologistes et la France Insoumise) instrumentalisent cette mort tragique pour fustiger le gouvernement (l’avocate de la famille jetant sa part d’huile sur le feu, à qui, en "politologue avertie ? ", la prise en main par l’exécutif « parait être révélatrice d’un moment politique très compliqué sur les interventions policières » (source AFP). C’est malheureusement un truisme à défaut d’être un scoop.

Deux juges ont été nommés pour instruire une information judiciaire contre X. Les responsabilités seront établies de manière impartiale, sauf à décréter que « tous les juges sont à la botte du pouvoir » Le pire n’est jamais certain, mais ce soupçon sur de précédentes décisions a déjà était émis… par des juristes !

Si on s’en tient aux faits établis, comme à chaque fois que l’on bâtit un arbre des causes, des éléments et des questions initiales se dégagent.

Questions : Des quais sont-ils un endroit idéal pour organiser des fêtes nocturnes où de l’alcool et de la drogue risquent de circuler ? Le téléphone portable de Steve Maia Caniço a « cessé de borner » à 2h du matin : batterie vide ou chute dans la Loire ? Etait-il judicieux de renvoyer les forces de l’ordre au contact après une première intervention et la reprise de la musique par deux disc-jockeys ?

Faits : L’accès à la Loire n’était pas interdit sur toute la longueur de la fête. Le personnel de sécurité était insuffisant. Les « disks jockey » n’ont pas respecté l’autorisation horaire de fin de prestation et pire, certains ont désobéis en relançant la musique après le passage de la police. Le responsable sur place des forces de l’ordre a choisi d’appliquer intégralement la consigne de faire cesser la musique alors qu’il y avait manifestement un climat de rébellion. Des jeunes ont blessés des policiers en les bombardant de projectiles. Les policiers ont réagi avec des moyens peu appropriés vu la configuration du terrain. Jusqu’à présent aucun témoignage visuel de la chute de Steve Maia Caniço dans l’eau n’a été recueilli, et a fortiori d’une chute causée par l’intervention musclée des forces de l’ordre.

En première analyse, l’enchainement des causes est multiple. Il n’y a pas de responsabilité unique évidente, mais des responsabilités partielles qui se cumulent : organisateurs de la « Teuf », mairie de Nantes, disks jockey,  agresseurs des policiers, commandement de terrain des forces de l’ordre,…

Il est à noter que la mairie de Nantes se sent tellement mal à l’aise qu’un adjoint a déclaré hier dans un journal télévisé : « Le problème n’est pas de savoir s’il y avait assez de barriérage le long de la Loire, le problème est de savoir pourquoi la police a chargé ? »  La réponse est : « Les deux mon Capitaine ! »

La justice populaire des réseaux sociaux et une partie de l’Opposition ont déjà rendu leur verdict : la Police est totalement responsable de la mort du jeune homme. Qu’en pensez-vous ?

Pour finir

Monsieur de Rugy accuse de diffamation Médiapart. Il s’appuie sur deux enquêtes menées respectivement par le Secrétariat général de l’Elysée pour les travaux dans son ministère et par des élus de l’Assemblée Nationale pour les « repas fastueux » épinglés par Médiapart. Les deux rapports minimisent beaucoup les accusations de Médiapart et pointent tout au plus des imprécisions ou des irrégularités mineures.

Médiapart hurle aux "rapports de complaisance" et dénonce une farce dénuée de toute objectivité.

Soyons sérieux deux minutes : entre des enquêtes menées par des pairs sur un membre du sérail et des révélations croustillantes ayant pour objectif principal de gagner de l’argent, puis secondairement de démolir des adversaires politiques, le tout en n’étant pas trop regardant sur la résistance à l’analyse des munitions utilisées … lesquelles sont les plus sujettes à caution ?

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