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L'observateur Flinois
12 juillet 2022

Grand Guignol

Les Français se déplacent de moins en moins pour participer à la vie démocratique en déposant un bulletin de vote dans une urne.

Ce n’est pas le triste spectacle que certains députés donnent à l’Assemblée nationale qui les convaincra du sérieux de l’exercice.

L’entourage de Jean-Luc Mélenchon, leder maximo de  la France Insoumise, avait été qualifié de « braillards sectaires » par une sociologue lors de la campagne des législatives. L’attitude des élus de LFI dans les travées de l’Assemblée évoque effectivement plus un chahut d’étudiants indisciplinés que le sérieux que  l’on attendrait de représentants chargés de faire les lois dans l’intérêt général.

Faire un procès permanent en légitimité à la Première Ministre relève de la méthode Coué et révèle de bien faible capacités en arithmétique de base. Si la majorité présidentielle est relative avec 250 députés, La France Insoumise n’en aligne que 75 et l’ensemble de la NUPES 151. La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale serait plus légitime pour gouverner ?

Par un habile marketing politique, Jean-Luc Mélenchon avait convaincu que le vote utile (c’est-à-dire avec une probabilité suffisante d’être un des deux candidats qualifiés pour le deuxième tour) pour la gauche était de mettre un bulletin à son nom à la présidentielle. Une partie non négligeable des sympathisants de gauche a adhéré. Mélenchon a donc devancé les autres candidats de gauche, ce qui l’a placé en position de force pour se tailler la part du lion dans la répartition des candidatures de l’union électorale bâtie à la hâte.

Les chiffres sont têtus : qu’elle que soit la façon de les agréger la majorité présidentielle rassemble le plus grand nombre d’élus, la France Insoumise est le troisième groupe en nombre et même renforcé de l’ensemble de la NUPES, celle-ci reste la deuxième force législative. Les procès permanents en légitimité sont risibles. Le tempérament potache ou petit caïd de cour de récréation, des élus LFI les conduits à croire que c’est celui qui crie le plus fort ou qui invective le plus qui a raison.

Cette attitude irresponsable est en train de donner par contraste une  image de respectabilité aux élus du Rassemblement National qui affichent une tenue vestimentaire irréprochable, n’éructent pas au pupitre et se posent en élus capable de voter les propositions du gouvernement pour peu qu’elles leur semblent aller dans l’intérêt de leur électorat. La France Insoumise partage une bonne part de cet électorat si on en croit le nombre important de circonscriptions populaires autrefois rouges qui votent maintenant RN. L’intransigeance de LFI la fait apparaître comme très sympathique pour « gueuler contre », ce qui plait à une certaine frange de Français, notamment ceux qui enfilent volontiers un gilet jaune comme tenue de sortie, mais l’efficacité du Rassemblement National qui pourra faire valoir d’avoir voté des mesures concrètes pour améliorer le quotidien de ces mêmes Français frondeurs, vaudra certainement un renvoi d’ascenseur pour l’efficacité.

Plutôt que de déclarer à longueur de temps que la majorité présidentielle pactise avec le Rassemblement National, Messieurs les Insoumis ouvrez les yeux sur le boulevard que vous êtes en train d’ouvrir à Mme Le Pen et ses affidés pour les prochaines élections. Certes le vieux lion Mélenchon est un fin tacticien, mais il se trompe parfois (il n’a ainsi pas été « élu Premier ministre ») et l’attitude de ses troupes sert de faire-valoir aux suppôts du grand remplacement et autre fadaises.

Les premières fêlures apparaissent cependant déjà. Les Insoumis ont réussi à convaincre (contraindre ?) leurs alliés de la NUPES de déposer une motion de censure du gouvernement Borne. Elle n’a recueilli que 146 suffrages alors qu’il en fallait 289 (la cible est manquée de 143 voix) mais des 151 élus du groupe NUPES, 6 députés du Parti Socialiste se sont abstenus et une voix d’extrême droite (Dupont-Aignan) s’est jointe à la NUPES.

Qui peut être accusé, preuve à l'appui, de collusion avec l’extrême droite ?

Autre point de polémique. Un consortium international d’enquête a sorti des preuves de relations suivies entre le ministre de l’économie du gouvernement Valls (Macron) et la firme américaine Uber en 2015.

Les échanges exhumés montent effectivement une bienveillance certaine du ministre pour aider à l’implantation du service concurrent des taxis et autres véhicules de petite remise.

La gauche réclame déjà pêle-mêle : des explications de l’ancien ministre Macron, la création d’une commission d’enquête parlementaire et agite le spectre d’un scandale d’Etat. Les motifs invoqués sont l’attitude cynique des dirigeants d’Uber à l’époque qui ont menti à tout le monde, violé sciemment les dispositions règlementaires et foulé au pied le droit du travail français. Tout ceci est avéré et documenté avec les informations connues maintenant, mais preuves pas aussi évidentes à l’époque.

La complaisance envers les GAFA créateurs d'emplois continue d'ailleurs toujours : ainsi, certains élus locaux facilitent encore au maximum les implantations et le développement d’entrepôts Amazon (n'est-ce-pas Monsieur Poiret, président de Douaisis agglo ?) alors qu’il est connu que son patron, Jeff Bezos, a une politique sociale très restrictive et une attitude très prédatrice pour le petit commerce local.

Il faut rappeler le contexte : en mars 2015, la loi Macron a été adoptée par l’Assemblée par rejet d’une motion de censure selon les dispositions de l’article 49-3 de notre constitution (Article 49-3 et loi Macron)

L’exposé des motifs résumé du projet de loi disait : « Ce projet vise ainsi à établir une véritable égalité des chances économiques pour les Français, en particulier pour la jeunesse, et à créer plus d'activité en déverrouillant les blocages, en favorisant l'investissement et en développant l'emploi »

La création des cars Macron permettait ainsi l’ouverture de lignes de transports réguliers non urbains par autocar. Ces lignes étaient interdites règlementairement par le souci des gouvernements successifs de protéger le monopole des liaisons inter cités par le rail et de garantir ainsi par ricochet les privilèges des cheminots au détriment du pouvoir d’achat des usagers les moins aisés

De même, les taxis ont toujours constitué un monopole de fait. Les licences de stationnement sont délivrées gratuitement par la préfecture de Paris ou les communes en Province. Un droit règlementaire de présentation d’un successeur a créé de facto un marché de la licence de seconde main, entièrement privé. Pour être présenté par un cédant, il faut que l’impétrant crache au bassinet le fameux « prix de la licence ». Pour faire fonctionner ce lucratif système et garantir la valeur exorbitante de la licence, il est nécessaire en parallèle de tarir la source de création de nouvelles licences gratuites, ce que faisaient et font encore très bien les puissants syndicats professionnels d’artisans taxi.

L’accueil à bras ouvert d’une alternative à ce système en vase clos, susceptible de permettre à des jeunes de se lancer dans une activité de transports de personnes sans mise de fonds initiale extravagante et d'augmenter l'offre pour les usagers, ne paraissait pas incongru dans le contexte et avec les connaissances de l’époque. Avec ce que l’on sait maintenant du cynisme et des méthodes illégales prônées par Uber et des résultats de l’ubérisation de certaines activités, il est beaucoup plus facile de se draper dans sa vertu.

Emmanuel Macron a sans doute péché par excès d’enthousiasme, d’idéologie libérale, confondu déverrouillage économique et détricotage social et fait preuve de naïveté. A-t-il pour autant commis des illégalités ?

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