Ne tombez pas dans le Panot : ne vous laissez pas Trumper

L’abstentionnisme aux élections progresse dans notre pays de manière alarmante, scrutin après scrutin. Il révèle un réel et grave problème : les Français semblent ne plus faire confiance à la démocratie représentative, système dans lequel les citoyens élisent des femmes et des hommes pour les représenter.

En parallèle, pour ceux qui s’y intéressent encore, le spectacle des « débats » à l’Assemblée Nationale est atterrant. Invectives, interruptions incessantes, chahuts laissent plus penser à un amphi d’étudiants contestataires qu’à une institution où se votent les lois qui engagent le fonctionnement actuel de notre Société et l’avenir de nos enfants.

Un groupe se fait particulièrement remarquer par la violence de ses interventions, son outrance, sa mauvaise foi et son opposition systématique. Il s’agit des élus de La France Insoumise (LFI).

Par exemple, que ces élus soient contre le principe d’une prime défiscalisée et libre de charges pour les salariés (la «prime Macron ») soit ! : c’est leur conviction et leur droit. Qu’ils s’amusent à proposer un amendement potache rebaptisant cette prestation « prime d’enfumage » n’est même pas amusant, mais relève de l’enfantillage puéril. On pourrait ainsi proposer dans la même veine de rebaptiser LFI « Les Farouches Irréalistes »…Sans plus d'intérêt.

Les Insoumis pensent systématiquement au pire, déforment le moindre propos pour l’enlaidir et donner prétexte à salir.

Ainsi, le 17 juillet, le président Macron commémorait les 80 ans de la rafle du Vel'd'Hiv, épisode infâme de notre Histoire qui vit la police française arrêter des familles juives parisiennes pour les remettre aux autorités allemandes occupantes qui les déportèrent en camps d’extermination.

Mme Panot, présidente du groupe des députés La France Insoumise, fit un amalgame  également indigne en tweetant : « Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vel'd'Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd'hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN ! » Il s’agissait de diviser, stigmatiser et salir

Devant le tollé soulevé par ses propos elle a mollement rétropédalé, mais le français est une langue précise et très clairement, on comprend que Mme Panot fustige un président dépeint en admirateur du Maréchal Pétain instigateur de la politique antijuive du régime de Vichy, et rendu responsable personnellement de l’élection de 89 députés d’extrême droite.

Volontairement elle amalgame une précédente déclaration du président Macron qui avait salué (comme le Général De Gaulle d’ailleurs) l’action du « vainqueur de Verdun », général victorieux de la Première Guerre mondiale, en l'associant avec la politique de collaboration avec les nazis du même Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il paraît par ailleurs bien difficile d’attribuer aussi péremptoirement que Mme Panot une responsabilité unique dans la montée de l’extrême droite en France, beaucoup de petites touches se superposant. Ainsi, à mon sens la contestation systématique, les surenchères maximalistes automatiques, les clashs et le chahut permanent instaurés par les députés en tenue décontractée de La France Insoumise ont un puissant effet faire-valoir pour des députés du Rassemblement National, cravatés, paraissant au travail et votant les mesures qu’ils jugent utiles pour leurs électeurs. Ils estiment certes insuffisantes les mesures proposées, mais préfèrent un modeste « tiens » à un hypothétique gros « Tu l’auras ! »

Qui entretient la frustration populaire en refusant tout et en faisant miroiter des horizons démagogiques ? Qui semble raisonnable en adoptant des compromis qui permettent des avancées ? Les prochaines élections législatives apporteront, hélas, peut-être une réponse.

Deux commentaires dans la presse :

(La Voix du Nord du 18 juillet.) « La décence et la vraisemblance ne retiennent plus les coups de ceux qui ont fini par se prendre pour les uniques défenseurs du peuple. La stratégie de La France insoumise est simple. Il faut promettre, tout. Et il faut cogner, très fort et en permanence, sur un ennemi principal, en l’occurrence le président de la République. »

(Le Monde du 25 juillet.) Une analyse rapporte que La France Insoumise a fait le choix de la radicalité et entend cliver partout, tout le temps. « Cette  stratégie est inspirée des travaux de la philosophe postmarxiste Chantal Mouffe, théoricienne du populisme de gauche qui estime que « politique et conflit sont inséparables : s’il y a du politique, c’est qu’il y a du conflit ». » … « Une guerre de siège est donc entamée : Il faut assiéger les adversaires par tous les moyens possibles et ne leur laisser aucun répit : dans les débats à l’assemblée mais aussi sur les réseaux sociaux et dans la rue – Jean-Luc Mélenchon a appelé à une grande marche contre la vie chère à la rentrée »

L’option préférentielle des Insoumis (et de la NUPES ?) est de paralyser le travail parlementaire afin de contraindre à une dissolution rapide de l’Assemblée et provoquer de nouvelles élections. Ils espèrent que les échos de leur fracas seront encore assez présents pour resservir une nouvelle fois la mystification de l’élection de Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre. Ils préparent le terrain par des fake news qui ont déjà prouvé leur efficacité.

L’attitude des responsables LFI relève clairement d’une stratégie qui a fonctionné, même si elle a conduit au chaos dans la conduite des affaires mondiales

Quel président élu pour un premier mandat a systématiquement développé des « vérités alternatives » (euphémisme pour mensonges), nié les faits établis, injurié et humilié ses adversaires et les autres chefs d’État, simplifié à la caricature des situations complexes, intimidé les hauts fonctionnaires, étalé son incompétence et sa suffisance,… ?

Qui a préparé le terrain à un coup d’État (presque réussi) en instillant des mois à l’avance la fable que tout autre vainqueur que lui des élections à venir serait forcément un voleur et un président illégitime ?

La réponse est facile : Donald Trump.

Que fait La France Insoumise dans notre pays ?

Elle insinue qu’Emmanuel Macron est illégitime car il n’a pas recueilli les voix de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales. (Mélenchon encore moins !)

Elle a essayé d’accréditer la faribole que Jean-Luc Mélenchon pourrait être élu Premier ministre lors des élections législatives. (Raté !)

Elle proclame que le président Macron et les partis qui le soutiennent ont perdu les élections car ils n’ont pas la majorité absolue à l’Assemblée. (Eux encore moins)

Tout ceci relève des vérités alternatives chères à Donald Trump et vise à labourer le terreau populaire, au cas-où.

Ce jeu est d’autant plus dangereux qu’un autre larron qui drague aussi le même électorat populaire reste tranquillement en embuscade, peaufinant la notabilité de ses élus, se montrant pragmatique et efficace pour voter des avancées à faire valoir à son électorat.

L’Histoire a montré que celui qui tire les marrons du feu n’est pas forcément celui a allumé le brasier.