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L'observateur Flinois
16 avril 2022

Bon sens

L’avenir de notre pays est entre les mains des électeurs qui devront trancher le 24 avril entre deux candidats et surtout deux choix de Société : Marine Le Pen, héritière d’une PME familiale d’extrême droite et Emmanuel Macron, président sortant, de centre droit.

Ils font campagne et les arguments qui ressortent assez fréquemment des interviews  des français sondé sur leurs intentions me laissent perplexe. Il semble que les critères de choix les plus évoqués, orientés certainement par les questions des journalistes et leur tris des déclarations les plus représentatives, sont totalement hors sujet.

Une remarque en préalable pour étayer le raisonnement. Marine Le Pen ne clame plus qu’elle va quitter l’UE car elle a compris que cette perspective effraie les Français mais elle flatte leurs bas instincts franchouillards en se bornant à dire qu’elle n’appliquera que ce qu’elle voudra des décisions européennes et qu’elle baissera de 5 milliards la contribution nette de notre pays à l’Union Européenne (4 milliards au lieu de 9 milliards). Cela revient en pratique à quitter l’UE car si vous n’appliquez que ce qui vous arrange du règlement voté par les locataires de l’immeuble et que vous ne payez pas votre part des charges communes, le bailleur risque de vous expulser. Il y a là un sujet de réflexion à la portée de n’importe qui : c’est du simple bon sens. Elle ment par omission !

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer, pour ceux qui s’intéressent un minimum aux informations internationales, que la Pologne et la Hongrie, dirigées par des partis d’extrême droite alliés au Rassemblement National,  appliquent localement certaines politiques non conformes aux traités européens et sont sous le coup de procédures juridiques de sanction par l’Union Européenne. Ces Pays sont privés de dizaines de milliard de subventions européennes.

Venons-en aux critères de choix des électeurs interrogés.

Mme Le Pen a choisi  très tôt un angle tactique très habile et qui parle de manière viscérale et universelle aux Français, surtout à ceux qui ont de faibles revenus : l’augmentation du pouvoir d’achat. Il s’agit pourtant d’un leurre qui ne résiste pas à deux minutes de réflexion facile.

Les Français qui s’expriment au micro des journalistes en font un argument imparable. C’est un mauvais réflexe car, inconsciemment, les gens raisonnent  sur le principe « toutes choses égales par ailleurs » que l’on apprend en mathématiques au collège. On fige tous les autres paramètres pour ne s’intéresser qu’à la seule chose que l’on va faire varier : ici, le pouvoir d’achat.  

Mme Le Pen va augmenter le pouvoir d’achat. Très bien. Mais à cause de ses principes politiques, tout le reste ne va pas rester figé. Les subventions de l’Union Européenne seront gelées, les taux d’intérêts pour la dette française vont augmenter (il suffit de lire les inquiétudes des investisseurs étrangers en prévision d’une victoire du Rassemblement National et la baisse observée de l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris). Au final, l’inflation, le renchérissement de nos importations, la fuite des investisseurs étrangers qui créent des emplois chez nous et l’augmentation du remboursement de nos dettes risquent de grignoter rapidement les gains promis.

Toujours selon les éléments entendus ou lus dans  journaux, un autre argument particuliérement clivant est cité : l’âge de la retraite. Le Pen annonce plus ou moins 62 ans (c’est flou). Macron annonce 65 ans, négociable à 64 ans. Les Français  trentenaires ou quadragénaires interrogés ne se voient pas  attendre 64 ou 65 ans pour « profiter de leur pension ». Encore une fois, leur raisonnement est biaisé.

Tout d’abord, l’âge moyen d’entrée sur le marché du travail ne cesse d’augmenter depuis les années 70 et se maintient à un niveau légèrement supérieur à 21 ans. La durée de cotisation pour avoir une pension à taux plein pour les quadras et quinquagénaires actuels sera de 43 ans quand ils pourront ouvrir leurs droits. 21 + 43 = 64 ans. CQFD ! Pour une majorité des gens, il n’y aura pas de changement… s’ils veulent avoir une pension complète.

Comme pour le pouvoir d’achat, les interviewés raisonnent « toutes choses égales par ailleurs » quand ils évoquent de partir plus tôt pour  « pouvoir profiter plus longtemps de leur retraite » : ils pensent sans doute voyages, vacances, comme les pensionnés « papyboomeurs » actuels

Hélas, le  dernier rapport du  Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est très alarmant. Il reste trois ans pour faire évoluer drastiquement nos habitudes si nous voulons éviter le caractère irréversible du réchauffement climatique. Très clairement, les choses ne vont pas « rester égales par ailleurs ». La vraie question que devraient se poser les salariés actuels est surtout : dans quelles conditions profiteront-nous de notre retraite ? Les voyages en avion seront-ils toujours aussi faciles et bon marché ? Les iles paradisiaques le seront-elles toujours ou auront-elles été submergées ou ravagées par des cyclones et des incendies ? Les frontières seront-elles toujours ouvertes ou cadenassées par le repli sur soi nationaliste ?

La démagogie non financée de Marine Le Pen pour ses promesses sur les retraites (elle annonce 9,6 milliards d’Euros de surcoût à financer alors que les experts tablent plutôt sur 26,5 milliards), son irresponsabilité sur l’écologie et la transition énergétique (elle veut démonter toutes les éoliennes), son isolationnisme aux frontières sont insupportables. En parallèle l’attentisme d’Emmanuel Macron sur la transition écologique est également insupportable. Ce devrait pourtant être de vrais critères de choix pour espérer profiter de sa retraite.

En parlant d’irresponsabilité, je terminerai sur l’attitude de la troisième composante de cette élection : La France Insoumise. Certes,  avec un petit sourire goguenard difficilement contenu au coin des lèvres, le vieux tribun Mélenchon  a martelé 4 fois lors de la soirée électorale du 14 avril : « aucune voix des électeurs de LFI ne doit aller à Le Pen ». Il se dédouane ainsi à bon compte : quoi qu’il arrive, ce ne sera pas de sa faute !

Son flamboyant premier lieutenant et député lillois, Adrien Quatennens, a d’ailleurs enfoncé le clou sur FR3 et dans la Voix du Nord : «  Aucune voix à Mme Le Pen. Pour le reste, c’est à Macron à nous convaincre de voter pour lui » Si ce n’est pas un appel à l’abstention ou au vote blanc, tout en rejetant par avance toute responsabilité pour les conséquences, c’est bien imité.

En 2017,  le second tour de l’élection législative, dans la 16ème circonscription du Nord qui intègre Flines, était entre Alain Bruneel (Parti Communiste Français) et Hortense De Mereuil (Front National). Le Front Républicain pour faire barrage à l’extrême droite avait fonctionné et Bruneel avait été élu.

A Flines, au premier tour des présidentielles  le  10 avril 2022, Le Pen a fait 33,3% des voix et Macron 28%.

Au second tour des législatives le 19 juin, si, comme c’est probable, le candidat du Rassemblement National est qualifié,  et si d’aventure il y a en face un candidat allié à LFI, j’adopterai pour une fois la morale élastique de Quatennens : ce sera à ce dernier candidat de me convaincre de voter pour lui !

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