Chères ordure (suite)

L’actualité politique de Douaisis Agglo nous incite à revenir sur le braquage du SIRFAG développé dans notre précédent billet Chères ordures en contextualisant et précisant le scandale.

Le climat continue à se détériorer entre la majorité « Poiretienne » et la population de la ville centre, maltraitée en la personne du maire qu’elle a élu.

La Voix du Nord du dimanche 30 janvier fait état d’un climat digne d’un épisode de Lucky Luke : lors de la présentation du rapport d’orientation budgétaire au conseil syndical de Douaizizagglo®, on se serait cru dans une algarade impliquant les frères Dalton. Vous savez, cette fratrie de quatre personnages dont Joe, très méchant et colérique, William amateur de déguisements, Jack  maniaque des armes et enfin, Averell, toujours affamé et pas très futé.

Les tontons flingueurs n’étant que deux pour voler préventivement au secours de leur président, cela ne fait que trois protagonistes : je vous laisse imaginer quel était le Dalton manquant !

Très élégamment, le président Poiret a coupé le micro de Frédéric Chéreau, maire de Douai qui répondait à la charge, en ajoutant encore plus élégamment « Comme ça on est tranquille ! Vous avez eu la parole, vous n’êtes pas à votre conseil municipal. Vous ne savez pas ce que c’est de gérer les minutes. Vous n’avez pas été président du département, moi je le sais, je peux le dire maintenant ». Affligeant.

Je ne sais pas qui déteint sur l’autre mais au dernier conseil municipal à Flines, la mairesse (également vice-présidente de Poiret) a également menacé une conseillère municipale d’opposition de lui retirer le micro. Quel climat !

Revenons sur notre scandale. Il existe un excellent blog appelé Douaivox qui a mis en ligne deux superbes billets concernant la gratuité des transports en commun dans le Douaisis, que je vous recommande Evéole (1/2) et Evéole (2/2)

Ces textes très documentés démontrent que la gratuité sortie du chapeau de Christian Poiret était surtout une manœuvre électorale qui a sans doute permis de gagner sa réélection de 355 voix. La valeur de la voix dans le Douaisis a sacrément flambé pour le coup !

Lors de la réunion d’orientation budgétaire, la Voix du Nord du jeudi 3 février annonce que la contribution annuelle de l’agglo au Syndicat Mixte des Transports du Douaisis (SMTD) passera de 5 millions d’Euros à 7,1 millions d’Euros, la différence de 2,1 millions servant à assurer la gratuité des transports.

Pourquoi reparler des ordures ménagères ?

Parce que, la retenue initiale pour financer le traitement des ordures ménagères du SIRFAG était de 5 313 120 €, sur lesquels  l’agglo rembourse  chaque année 1 062 624 € et les élus ont accepté de geler la différence soit 4 250 496 €.

Les bus gratuits bénéficient de 2,1 M€ en plus, soit la moitié des 4,2 M€ retenus aux habitants du SIRFAG : en final, ce sont les habitants des 8 commune du SIRFAG qui financent la gratuité des bus et par ricochet ont contribué à la réélection de Christan Poiret au département !

Lors du conseil municipal à Flines, pour faire avaler la pilule SIRFAG, le rapporteur a déclaré que le budget pour les ordures ménagères de l’Agglo était étanche, c’est-à-dire finançable uniquement avec la Taxe d’Enlèvement des Ordures ménagères (la fameuse TEOM) et que la non maîtrise des dépenses entrainerait automatiquement une envolée de la TEOM. D’où le sacrifice consenti.

C’est faux. Dans un petit dépliant de 2019, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) explique que le traitement des ordures ménagères peut être financé par « le budget général alimenté par les impôts locaux. Le recours au budget général est possible si le coût de gestion des déchets dépasse le produit de la TEOM »

Dit autrement, sans augmenter la TEOM, l’Agglo pourrait rendre les 4,2 millions indument retenus aux communes du SIRFAG et financer quand même le traitement des déchets.

Il suffirait d’éviter de gaspiller ses ressources dans des projets pharaoniques tels un boulodrome surdimensionné, un planétarium supplémentaire dans une région déjà bien dotée avec ce type d’équipement, une patinoire XXL dans un bassin de vie sans tradition de sports de glace ou une gratuité des transports en commun à l’utilité non démontrée !