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L'observateur Flinois
6 avril 2021

Vaccinagogie

Impossible d’échapper à la pandémie de COVID-19 générée par le SARS-CoV-2 : quelle que soit la source d’information (ou de désinformation) le sujet est abordé. Taux d’incidence pour 100 000 habitants national, régional voire communal, nombre de patients hospitalisés dont nombre de malheureux luttant pour leur survie en réanimation… sont évoqués en boucle.

Trop d’information fini par hébéter, contribue à accentuer la lassitude et pour certain, génère un sentiment de fatalité : autant vivre des moments intenses, advienne ce que devra !

Nos gouvernants gouvernent  et prennent des décisions dont ils seront comptables quand la situation sanitaire sera redevenue plus normale (le fameux bilan évoqué à chaque élection) ; les opposants s’opposent,… sans risques et sans conséquences : il ne leurs sera rien reproché, quelles que soient la bêtise ou la vacuité de leurs propositions ou remarques simplistes. Pour être complet, a contrario, ils font aussi parfois des propositions intéressantes.

Dans la première veine, mardi 23 mars, Mme Le Pen, présidente du Rassemblement National, invitée du Grand entretien de France Inter déclarait  opter massivement pour un moyen infaillible négligé par le gouvernement : « … la prévention [par], la stratégie de tests collectifs (les eaux usées) et individuels. » Ces gros bêtas indécrottables du gouvernement n’y ont pas pensé alors que c’est tellement évident !

Elle proposait certainement de généraliser la surveillance exercée par le réseau Obépine, « observatoire épidémiologique français utilisant les eaux usées comme indicateur quantitatif des différentes phases d'une épidémie provoquée par une bactérie ou un virus » (source Wikipédia)

Les individus contaminés éliminant le virus dans leurs selles avant même d’être symptomatiques, des prélèvements et des analyses fournissent un signal global et complémentaire pour toute la population des sujets infectés drainée par le même réseau d’eaux usées. Selon les spécialistes, 158 stations d'épuration sont nécessaires pour établir un maillage représentatif pour surveiller le SARS-CoV-2 et, en moyenne, les données Obépine ont six à sept jours d’avance sur les autres indicateurs.

Outre le fait que 15 à 20 % de la population (essentiellement rurale) ne bénéficient pas d’un traitement collectif de leurs eaux vannes (source ministère de l’écologie), la taille des réseaux de collecte est très variée : les 20 000 stations d’épuration des eaux usées (StEp) peuvent traiter les effluents de quelques centaines d’habitants (technique du lagunage) jusqu’à 6 millions d’habitants pour la station d’Achères en Ile-de-France. Le remède miracle de Mme Le Pen, si facile à énoncer, semble bien plus difficile à mettre en œuvre. Nous classerons la proposition Le Penienne au même rang que celle faite par Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) interrogé dans la même émission le 15 mars (Cf. billet «  Mélenchator ») : simpliste et démagogique.

À propos de la campagne de vaccination, les informations du week-end de Pâques font état de centres de vaccination des Hauts-de-France ayant dû rendre des doses d’AstraZeneca suite aux nombreuses défections d’inscrits : 600 doses à  Gravelines, 550 à Calais… plus de 1100 doses n’ont pas trouvé preneurs. Une méfiance entretenue et amplifiée par les médias à propos de quelques très rares cas de décès  par thrombose chez des personnes vaccinées.

A l’heure actuelle 12 cas de thrombose atypique ayant provoqué le décès de 4 personnes vaccinées avec AstraZeneca ont été constatés. Selon le Dr Thierry Mraovic du centre de Gravelines, cité par la Voix du Nord « Les récents cas de thromboses représentent un décès sur 2,5 millions de personnes vaccinées. À l’inverse, si ces 2,5 millions d’individus n’étaient pas protégés contre le Covid-19, le virus pourrait provoquer de 2 000 à 50 000 décès selon les tranches d’âge... » A méditer avant de passer son tour !

Concernant les vaccins, la dimension politique devient trop prégnante. La Chine, où a vraisemblablement débuté la pandémie et qui refuse toute enquête indépendante pour en élucider l’origine, a homologué 4 vaccins et livre à grand renfort de reportages télévisés les pays émergents. Selon l’Express « Un quart des doses de vaccin a été exporté et fait l’objet d’accords diplomatiques, afin de renforcer l’influence de la Chine » et, en parallèle à mi-mars « moins de 500 000 personnes ont été vaccinées, soit 4 % de la population, loin des 19 % des États-Unis, et moins que les 6 % de la France »

Même stratégie pour la Russie de Poutine qui a développé le Sputnik V. Les quelques palettes de ce vaccin débarquées devant les caméras sur le tarmac des aéroports de Budapest (Hongrie) et Kosice (Slovaquie) relevaient surtout de la propagande anti UE : au 5 avril seulement 7,5 millions de Russes (5,1 % de la population totale) ont reçu au moins une dose de Sputnik V. Par comparaison, 47,3 % des Britanniques, 32,9 % des Américains, 13,8% des Français et 12,1 % des Allemands ont reçu au moins une dose de vaccin anti Covid.

Parlons de la Grande Bretagne.  Son premier ministre Boris Johnson joue un jeu dangereux pour tout le monde. Il se vante des avantages du Brexit qui lui auraient permis de vacciner à ce jour plus de 30 millions de nationaux. En fait, la Grande Bretagne a importé 20 millions de doses de vaccins de l’Europe (toutes marques confondues) sans exporter une seule dose produite dans les rares usines anglaises. Être égoïste et chapardeur soit, mais encore faudrait-il avoir l’élégance de s’abstenir de se moquer de ceux dont on a fait les poches !

Jean-Michel Bretonnier dans la Voix du Nord du 5 avril énonce quelques vérités qu’il convient de méditer. Il écrit : « Aujourd’hui, l’Union européenne compte sur son territoire 53 centres de production de vaccins, qui devraient très vite fournir des quantités de doses phénoménales, contrairement au Royaume-Uni, dont les ressources sont beaucoup plus limitées. Les autorités britanniques sont inquiètes à propos des capacités d’administration de la seconde dose, dépendantes qu’elles sont de l’Europe et de l’Inde. L’Union devra pourtant continuer d’exporter vers le Royaume-Uni afin de prévenir les dangers d’une vaccination nationaliste – en s’assurant cette fois que les Européens ne sont pas en manque. Si les États capables de se protéger n’aident pas ceux qui n’en ont pas les moyens, le virus continuera de se propager dans le monde. Au risque de muter, et que ses variants contournent les défenses créées par le vaccin dans les pays aujourd’hui très fiers de leur exceptionnelle protection. »

Pour conclure,  je serais le premier satisfait si le vilain mot que j’ai forgé en titre reste un mauvais néologisme  inutile.

Vaccinagogie : mot inventé à partir de vaccination et démagogie.

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  • Ce blog n'a pour ambition que de refléter les opinions, remarques et propositions de son auteur. Il est bien sûr inspiré par la vie à Flines-les Râches, où je réside, mais aussi par l'actualité en général.
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