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L'observateur Flinois
1 août 2020

Triste soirée

Mardi 28 juillet, la mairesse avait convoqué un conseil municipal pour évacuer quelques points urgents, apparemment anodins.

L’ambiance était morose : la fin juillet n’est pas propice aux réunions  et de nombreux élus étaient absents, dont la mairesse qui avait délégué un duo d’adjoints pour présider et animer la séance.

Pastiche des séries américaines où il y a toujours simultanément un duo « Good cop / Bad cop» (gentil flic /méchant flic) lors des interrogatoires ? Un des protagonistes était conciliant et lénifiant, ne donnant aucune réponse aux demandes mais affirmant «  Je prends note, on vous répondra » ; l’autre était plus incisif, n’hésitant pas à noyer le poisson avec force détails sans vraiment de rapport mais d’un ton suffisamment  vindicatif pour bien montrer que les questions l’irritaient, que le questionneur était ignorant de réalités bien plus vastes qui le dépassaient et lui feraient prendre conscience de la petitesse de ses interrogations s’il savait…

Hormis les adjoints programmés pour intervenir sur tel ou tel sujet (le contenu ayant été théoriquement verrouillé au préalable), les conseillers municipaux de base étaient dans leur rôle habituel : muets et prêts à lever mécaniquement la main pour les votes « pour »

Heureusement, les élus de l’opposition étaient là pour animer la séance. Une des élues était manifestement ulcérée de s’être fait rétorquer par la mairesse que « Quand on est élu on se renseigne » lors du précédent conseil alors qu’elle osait poser des questions sur le rachat du  Café des Sports pour en faire un tiers lieu. La mairesse avait d’abord prétendu que cela avait déjà été abondamment débattu lors de la précédente mandature. Comme l’élue était nouvelle et arguait de son absence à ces débats, elle s’était attiré la réponse très pédagogique et conciliante de la mairesse. L’élue d’opposition a tenu à préciser qu’elle représentait une fraction non négligeable des électeurs et que ses questions étaient le relais de préoccupations actuelles de la population.

Cette petite mise au point était nécessaire pour rétablir les faits de représentativité et mettre en exergue une des ficelles favorites de la mairesse : pour éviter de répondre, elle prétend souvent que le point a déjà été abordé lors d’une réunion où l’élu d’opposition brillait par son absence. Le procédé est éculé,… et éventé maintenant : espérons qu’il ne servira plus pour éluder les questions.

Cette mise au point donna lieu à petit échange impromptu sur le Café des Sports, avec quelques petites informations nouvelles. Lors du conseil municipal du 2 avril 2019, une délibération aurait acté l’achat de la licence IV de M et Mme Norguez pour 1800 € afin de permettre l’exploitation d’un débit de boissons alcoolisées de toutes catégories, à consommer sur place ou à emporter.

NB. Sur le compte rendu du Conseil Municipal du 2 avril 2019 (daté du 25 avril 2019) publié sur le site officiel de la mairie, il est mentionné une délibération pour l’acquisition d’un immeuble au centre-ville, inoccupé depuis 2 ans, pour un montant de 143 000 € hors frais de notaire.

L’acquisition d’une licence IV pour 1 800 € ne figure pas dans le compte rendu de conseil municipal publié sur le site de la commune. La délibération afférente a été explicitement ajoutée sur ce même site et porte la date d’arrivée courrier en sous-préfecture du 16 janvier 2020 (soit  plus de 9 mois après le conseil municipal)

Est-il certain que les élus sachent que les délibérations finalement signées comme ayant été délibérées et votées ne sont pas exactement celles qui ont été présentées publiquement en séance ?

Toujours sur le tiers-lieu, le « Bad cop » a laissé échapper un certain nombre de précisions ce 28 juillet 2020 :

-        la commune avait été contrainte d’agir vite pour acheter l’ex Café des Sports car un menuisier était intéressé par le local mais la mairie ne voulait pas de ce type de commerce à cet endroit

-       le vendeur du Café des Sports, pour éviter tout risque de perte de la licence IV pour fermeture excédant le délai légal (3 ans), a pris la précaution de rouvrir temporairement (une journée)  le débit de boissons, ouverture constatée par huissier ;

-       une élue de l’opposition s’interrogeant sur le bien-fondé de pouvoir vendre tous les alcools (même de catégorie 5) à quelques mètres d’une école. (Article L3335-1du code de la santé publique) s’est vu rétorquer que l’antériorité du Café des Sports, autorisé bien avant la nouvelle législation, prévalait.

Ces informations judicieuses permettent de déduire que la commune a une vision très interventionniste sur la nature des commerces qu’elle souhaite voir se développer, bien que n’ayant pas, jusque-là,  de délégué au commerce ; que le vendeur du café des Sports reste très associé au devenir de son ancienne propriété et enfin que la santé des écoliers n’est pas une donnée d’entrée de la réflexion (ou du manque de réflexion) sur le futur tiers-lieu. (Pour mémoire : il y a très longtemps la commune avait acquis précipitamment, et sans projet finalisé, le couvent sous prétexte de rumeur de l'arrivée possible d'une secte. On sait ce qu'il advint de ce bâtiment...Bis repetita ?)

Dans les questions diverses, un adjoint informa que la commune avait fait l’acquisition d’un City Parc qui serait installé près de l’école Brossolette. Il expliqua que, suite à la pandémie de Covid-19, la société Altrad se retrouvait avec un stock d’invendus. Elle aurait démarché les municipalités de France et de Navarre en proposant un rabais de 30%.  Flines a sauté sur l’occasion et acquis un City parc qui coûtera, installation comprise, 58 000 € (ristourne de 12 000 € déduite) L’adjoint précisa fièrement qu’à titre de geste commercial il avait obtenu en plus un banc et un range vélo. (Ça c’est de la négo !)

L’opposition demanda s’il n’aurait pas été utile de consulter le conseil municipal d’abord ? Si un appel d’offres n’aurait pas dû être lancé au préalable et s’enquit enfin des frais d’entretien ?

Sur la consultation préalable des élus, il fut répondu qu’il fallait aller vite, l’offre étant à saisir sans délai. Sur l’appel d’offres nécessaire à un marché public il fut rétorqué (par Bad cop) que les seuils d’obligation étaient bien plus élevés et que réponse serait faite lors du prochain conseil. Sur l’entretien, il fut énoncé que le macadam durait au moins 10 ans et que ce seraient les services techniques qui feraient les petites interventions, donc sans coûts supplémetaires.

Les réponses illustrent encore une fois qu’à Flines on confond toujours vitesse et précipitation. Aucune réflexion préalable, d’étude des besoins ou de la meilleure implantation. Pas de consultation des élus, mis devant le fait accompli !

La CCRF (Concurrence Consommation Répression des Fraudes) sera sans doute ravie d’apprendre qu’un achat de 58 000 € a été fait hors procédure des marchés publics car l’article R.2122-8 du code de la commande publique (CCP) dispose qu’à partir du 1er janvier 2020, « l’acheteur peut passer un marché sans publicité ni mise en concurrence préalables pour répondre à un besoin dont la valeur estimée est inférieure 40 000 € HT »

Concernant l’entretien du City Parcle décret n°96-1136 du 18 décembre 1996 fixant les prescriptions de sécurité relatives aux aires collectives de jeux, précise dans son annexe que « Les exploitants ou gestionnaires doivent organiser l'inspection régulière de l'aire de jeux et de ses équipements, pour en vérifier l'état et pour déterminer les actions de réparation et d'entretien qui doivent être entreprises. La nature et la fréquence des inspections doivent être fonction, notamment, des instructions du fabricant, du degré de fréquentation de l'aire de jeux et des conditions climatiques ». Il y a des obligations règlementaires (recours à des inspecteurs comme APAVE ou Véritas) et donc des frais !

Dernière intervention de l’opposition s’étonnant d’avoir découvert dans la Voix du Nord que la commune envisageait d’installer des caméras discrètes pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets. L’opposition demandait si une étude financière avait été faite et si des solutions moins onéreuses ne pouvaient pas être envisagées (rétablissement de la fréquence de collecte des encombrants par exemple, qui était mensuelle avant de devenir trimestrielle)

Un adjoint expliqua que ces caméras type web-cam mobiles ne coûtaient pas très cher. Pressé dans ses retranchements concernant l'exploitation des données recueillies,  il finit par admettre qu’il faudrait une exploitation journalière des images afin de les transmettre  quotidiennement aux forces de l’ordre aux fins de verbalisation. Un des deux policiers municipaux sera-t-il condamné à cette tâche chronophage ou une embauche nouvelle viendra-t-elle grever le coût de cette idée sortie du chapeau ?

Finalement, on comprend mieux pourquoi la mairesse contrôle et vérrouille tout lors des conseils qu'elle préside. Quand elle n'est pas là, l'opposition et les Flinois  apprennent plein de choses.

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  • Ce blog n'a pour ambition que de refléter les opinions, remarques et propositions de son auteur. Il est bien sûr inspiré par la vie à Flines-les Râches, où je réside, mais aussi par l'actualité en général.
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