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L'observateur Flinois
10 mai 2020

Trouble dissociatif de l'identité fiscale ou démagogie facile ?

La Voix du Nord édition de Douai du 10 mai comporte un article titré : « La reprise de l’école aura lieu mardi dans  dans la commune » L’article commence par «  La maire Annie Goupil a tranché : les écoliers pourront prendre le chemin de l’école dès mardi. …La reprise se fera ce mardi 12 mai pour la grande section de la maternelle, CP et CM2, soit près de 40 élèves sur 200. Annie Goupil, maire, ne cache pas qu’elle n’y était pas favorable. « Mais il faut penser aux parents qui doivent reprendre le travail et n’auront plus les mêmes conditions de chômage partiel au 1er juin »

Pour une des premières déclarations en confinement dans la presse de la mairesse sortante (et sans doute future mairesse), ce début d’article est particulièrement révélateur et j’espère que certains des élus venus renouveler la liste majoritaire, (tout neuf, gonflés de promesses et pleins d’illusions), liront ces lignes : ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas !

D’abord l’affirmation : Annie Goupil a tranché ! Eh oui ! C’est comme ça. Ce ne sont pas les conseillers municipaux en collaboration avec les enseignants et les parents d’élèves  qui décident : c’est tranché. Bien sûr, Annie Goupil prend bien soin d’affirmer qu’elle était contre et, si malheureusement plus tard il devait y avoir une quelconque recherche de responsabilités pour un événement fâcheux (ce que pour le bien-être de nos écoliers nous ne souhaitons aucunement),  des échanges de méls avec les autorités préfectorales et académiques, ainsi que des comptes rendus a posteriori de réunions virtuelles impliquant pourquoi pas un-e adjoint-e aux écoles, pourraient être produits pour atténuer une responsabilité virilement affichée… mais contrainte.

D’après d’anciens élus, ça se passe comme ça à Flines : la mairesse tranche, les délégataires assument !

Analysons maintenant la signification de : « Mais il faut penser aux parents qui doivent reprendre le travail et n’auront plus les mêmes conditions de chômage partiel au 1er juin »

Depuis quelques exercices, l’autofinancement de la commune se réduit comme peau de chagrin (Cf. Comptes de gestion officiels de la Comptabilité Publique). Cela  peut être causé par deux choses séparées ou simultanées : excès de dépenses ;  défaut de recettes.

Concernant les dépenses et les recettes, les ratios officiels de la strate « communes de 5000 à 10 000 habitants » montrent année après année qu’à Flines on dépense moins par habitant et on taxe moins par habitant. Il s’agit donc d’une gestion low-cost à la Ryan Air : c’est pas cher (faibles taxes)  mais il n’y a pas beaucoup de services.

Alors que le ratio de CSP+ (catégories socio-professionnelles supérieures), donc de potentiel fiscal, est plutôt plus élevé qu’ailleurs dans l’arrondissement (il suffit de constater le prix de l’immobilier à Flines), les impôts locaux flinois sont très bas, ce qui conforte un électorat  de pensionnés âgés à préférer le statu quo (cf. résultats du 15 mars !).  C’est un tabou à Flines : on n’augmente pas les impôts. J’ai en mémoire un argument pitoyable lâché par la mairesse lors du départ fracassant de son premier adjoint du précédent mandat. Elle avait craché dans la presse, en guise d’argument infamant ultime : « Il voulait augmenter les impôts ! »

Dogme : le contribuable local flinois doit être ménagé.

Ce comportement relève  plutôt de l’obsession ou de l’idée fixe, alors pourquoi évoquer le « Trouble dissociatif de l'identité  » ?

La réponse est limpide. La mairesse évoque les conditions de chômage partiel moins favorable au 1er juin pour les parents sans mode de garde de leurs enfants et contraints de ce fait de différer la reprise d’une activité salariée.

En fait, obligés de garder leurs enfants pour cause de fermeture des crèches et écoles, les salariés étaient considérés depuis le 16 mars en arrêt de travail et indemnisés à hauteur de 90%. A compter du 1er juin, si les écoles ne rouvrent pas, les salariés passeront en chômage partiel et toucheront 70% de leurs salaires.

La position de la mairesse paraît relever de bonnes dispositions envers les salariés, mâtinées d’un passé de salariée de la fonction publique peu au fait de l’économie marchande. Il faut cependant se poser la question fondamentale de savoir qui paie les arrêts de travail et le chômage partiel ?

Déficit de la Sécurité sociale engendré par la pandémie du corona virus : 41 milliards d’Euros

Coût pour le budget de l’Etat du chômage partiel : entre 24 et 25 milliards d'Euros.

Ces deux déficits seront financés par l’emprunt. La dette extérieure française, qui sera payée par nos enfants et petits-enfants, devient colossale : 120 % du PIB ou 2400 milliards soit 40 000 € par habitant !

Voilà la manifestation du trouble dissociatif de l'identité fiscale : tant qu’on n’augmente pas les impôts locaux des Flinois, pas de souci pour réclamer toujours plus. C’est l’Etat qui paie.

C’était déjà le même raisonnement pour se plaindre amèrement de la baisse des dotations de l’Etat, financées par les impôts nationaux.

La réalité est toute différente.

Soit les Flinois sont tous non imposables et ils vivent de la solidarité nationale. Un minimum de décence inviterait alors à rester modéré dans ses demandes.

Soit les Flinois comptent plus que la moyenne de CSP+ dans leurs rangs (et tant mieux pour la commune) et ils contribuent aux taxes locales, ainsi que de manière substantielle aux impôts nationaux.

Se vanter de décharger les contribuables locaux pour charger au maximum les contribuables nationaux alors que pour une part non négligeable, ce sont les mêmes Flinois, me semble relever soit d’un trouble dissociatif de l'identité fiscale, soit d’une myopie totale en macro-économie, soit de la plus basse démagogie.

 

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  • Ce blog n'a pour ambition que de refléter les opinions, remarques et propositions de son auteur. Il est bien sûr inspiré par la vie à Flines-les Râches, où je réside, mais aussi par l'actualité en général.
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