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L'observateur Flinois
5 avril 2020

Le temps des synthèses

Le confinement afin d’endiguer la progression de la pandémie de conavirus-19 dure depuis près de trois semaines et une routine s’installe. Ces premiers jours m’ont permis de relever des faits qui paraissent parfois des « évidences a posteriori » et qui, mis en perspective, autorisent  à formuler une synthèse.

Fait numéro 1 : il s’agit de la troisième pandémie à coronavirus depuis 2003 : le  SARS-CoV pour l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a débuté en Chine après la consommation dans un restaurant d'un animal sauvage. Le MERS-CoV, pour l'épidémie de syndrome respiratoire du Moyen Orient (MERS), déclenchée par la consommation de lait de chameau et par la proximité avec les chameaux en Arabie Saoudite en 2012. Le SARS-CoV-2, pour la pandémie de Covid-19 actuelle (coronavirus disease 2019) qui est encore apparue en Chine. La consommation de viande de pangolin ou celle de chauve-souris (vendues pour la consommation sur des marchés spécialisés en Chine) pourrait en être à l'origine. (Source Wikipédia)

Fait numéro 2 : la réduction des sanctuaires pour la vie sauvage due à l’expansion continuelle de l’habitat humain rend de plus en plus fréquent l’interpénétration de la faune sauvage et des humains. Les vidéos avec des ours, des éléphants, des sangliers, des loups… en paysage urbain ou rural se multiplient. Au moyen-âge c’étaient les rats qui propageaient la peste. Ils sont toujours dans nos villes mais l’hygiène ayant fait des progrès, la peste est contenue.

Fait numéro 3 : l’intensification des mouvements des populations et l’accélération des déplacements rendent de plus en plus facile la transmission des agents pathogènes hors de tout contrôle préventif. Autrefois, quand il fallait trois ou quatre semaines de navigation à voile pour rallier deux continents, l’incubation pouvait avoir lieu durant la traversée et le navire être mis en quarantaine en arrivant au port. Cruel pour les passagers mais efficace pour éviter les épidémies. Les passagers de quelques paquebots de croisière ont malheureusement eu un avant-goût de la méthode.

Fait numéro 4 : les Etats semblent avoir failli à leur devoir fondamental d’assurer la sécurité et la santé de leurs ressortissants (cf. billet  con, finement ? ». Même ceux s’affichant comme marxistes pactisent largement avec l’économie de marché néo-libérale pour créer des emplois industriels en substitution aux emplois ruraux et en même temps « faire du fric et enrichir une infime fraction d’hommes d’affaires fidèles au Parti Communiste Chinois ! » Sans jeter la pierre particulièrement à notre patrie, il faut remarquer que beaucoup de pays occidentaux ne maitrisent plus leurs systèmes de santé qui se trouvent sous-dimensionnés et sous-équipés pour affronter une pandémie. Beaucoup n’ont pas suffisamment de masques de protection, de lits de réanimation, de respirateurs et même de tenues de protection (gants, sur-blouses, lunettes,…) Des pénuries de médicaments hospitaliers ainsi que de réactifs pour effectuer les tests de dépistages sont craintes. Une des causes est l’abandon pour des raisons économiques (coûts de production et rentabilité des capitaux investis) des fabrications des principes actifs des médicaments ou des réactifs de test, des masques ou protections et respirateurs à des pays à bas-coûts salariaux tels que l’Inde ou la Chine.

Fait numéro 5 : le tourisme de masse est responsable d’émission de gaz à effet de serre par les avions et bateaux de croisière, de détérioration des sites naturels surexploités ainsi que d’intensification de la promiscuité et du brassage entre personnes d’origines et d’états sanitaires divers.

Fait numéro 6 : le réchauffement climatique, loin d’être en phase de maîtrise conformément aux clauses adoptées lors de l’accord de Paris issu de la COP 21 de 2015, s’emballe au contraire car aucun pays  ne respecte ses engagements. Le niveau des océans monte ; les côtes s’érodent ; les canicules, les inondations, les incendies de forêts, les ouragans ou tornades se multiplient…

Fait numéro 7 : le mercredi 1er août 2018 était le « jour du dépassement » écologique, selon le Global Footprint Network, un institut de recherche international établi en Californie. A partir de cette date, l’humanité avait consommé plus de ressources naturelles et émis plus de gaz à effet de serre que la Terre n’est en capacité d’en produire ou d’en absorber au cours d’une année. A ce rythme de consommation, il faudrait 1,7 planète pour subvenir aux besoins des hommes. Or nous n’en avons pour l’instant qu’une seule à disposition.

Fait numéro 8 : notre pays est malheureusement économiquement très lié à trois secteurs dépendants des déplacements de masse. L’Aéronautique avec Airbus qui a besoin d’une croissance continue des vols de passagers pour construire et vendre des avions ; la Construction Navale de paquebots de croisière géants qui a besoin d’une croissance continue du tourisme de masse  pour construire et vendre des bateaux ; le Tourisme, notre pays étant la première destination touristique mondiale. Les touristes font vivre plus de 1,3 millions de salariés dans plus de 310 000’entreprises françaises.

Fait numéro 9 : une sixième extinction de masse des espèces animales  est en cours et s’accélère. Une étude de 2017 portant sur  l’évolutions des populations de 27 600 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens terrestres, réparties sur les cinq continents, a montré que 32 % des espèces étudiées déclinaient en termes de population et d’étendue de territoire.

Fait numéro 10 : la pandémie a révélé des comportements égoïstes au sein de l’Union Européenne : interdiction d’exportation de masques et respirateurs  (Allemagne, France) ; fermeture des frontières ; réquisition de masques transitant sur un territoire mais à destination d’un autre pays (République Tchèque  aux dépens de l’Italie et France aux dépens de la Suède). Sont également apparus au grand jour le cynisme du mercantilisme combiné à l’égoïsme nationaliste. Des Américains (America first) semblant racheter (en espèces sonnantes et trébuchantes) sur des aéroports chinois, des cargaisons de masques destinées à des régions françaises pour les détourner vers les USA. Des marchands chinois paraissent avoir manifestement mieux assimilé la loi du « plus offrant » que le droit des affaires et le respect des contrats (business as usual !)

Fait numéro 11 : Selon le dernier rapport de l'ONG Oxfam, 2017 a été marqué par une accentuation des inégalités, avec une hausse record du nombre de milliardaires. La moitié de la population mondiale n'aurait reçu aucun bénéfice de la croissance mondiale annuelle. Pire, les 1% les plus fortunés ont récolté 82% de la richesse produite.

Fait numéro 12 : fin 2018, une violente crise (quasi insurrectionnelle), causée en apparence par des revendications d’augmentation de pouvoir d’achat, a fait vaciller le gouvernement français qui a lâché 17 milliards d’Euros dont, paradoxalement, une grosse majorité n’a pas encore été convertie en achats de consommation !

Synthèse

La mise en perspective de ces faits conduit à une première conclusion  évidente et violente : « Notre planète est malade de la mondialisation  et de l’économie ultra-libérale !  Le mode de vie actuel de la population mondiale n’est pas soutenable »

Nous consommons plus que ce qui est disponible, nos climats se bouleversent, nous détruisons les écosystèmes, la vie sauvage et créons les conditions pour que des pandémies régulières se déclarent et se propagent.

L’Economie n’est plus au service l’Homme mais les hommes sont asservis à l’économie, pour un nombre de bénéficiaires scandaleusement réduit.

Le tourisme de masse, qui génère un chiffre d’affaires astronomique et tire de nombreux secteurs industriels, se révèle être une calamité qui occasionne plus de conséquences catastrophiques que de bénéfices induits.

La Santé n’est pas un bien commercial comme un autre et qui doit être soumis aux lois du marché. Produire localement les fournitures nécessaires pour être autosuffisant doit être un objectif. Si les Chinois ou les Indiens sont moins chers, le surcoût doit être pris en charge par nos impôts et considéré comme un investissement stratégique.

Les nécessaires réductions des voyages aériens, des croisières et du tourisme  de masse auront des impacts importants sur des secteurs clés de notre économie. Une réflexion stratégique globale pour effectuer cette reconversion doit impérativement être menée au niveau de l’Europe. Voilà un objectif refondateur susceptible de dépasser les calculs de boutiquiers actuels des membres de l’Union qui tous essaient de capter le maximum de subsides et d’avantages en contribuant en retour le moins possible. Il y va cependant de la survie de l’espèce humaine.

Enfin, conclusion qui relève plus de l’anecdote mais qui est illustrative du malaise. Les revendications des Gilets jaunes, axées sur le pouvoir d’achat, sont une illustration parfaite de l’ineptie et de l’égoïsme d’une partie de nos compatriotes. Les 17 milliards lâchés par le gouvernement (et qui dorment pour la majorité sur des comptes courants bancaires ou des livrets de Caisse d’Epargne !) vont manquer pour investir massivement dans notre système de santé. Il faudrait faire comprendre aux grands-parents que grappiller quelques Euros de plus pour gâter ses petits-enfants (comprendre : acquérir le dernier IPhone ou la dernière console de jeu ?) ou pour réaliser un voyage de loisir de plus (accroissement du tourisme de masse) ne sont pas des revendications à la hauteur des enjeux planétaires.

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